Rendez-vous sur la Social Tech Academy : la plateforme de ressources de l’ESS numérique

Rendez-vous sur la Social Tech Academy : la plateforme de ressources de l’ESS numérique

 
Après 2 ans de travail avec nos partenaires Egina, Pour La Solidarité et Fundacion Esplai, nous sommes ravis de vous annoncer le lancement de notre plateforme en ligne, la Social Tech Academy, financée par l’Agence Erasmus + !
 
La Social Tech Academy est le fruit de notre engagement continu pour former les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) aux compétences du numérique et faire découvrir la diversité des métiers de la Social Tech. Cette plateforme représente une ressource pour celles et ceux qui cherchent à approfondir leurs connaissances sur les métiers de la Social Tech et pour les formateurs qui souhaitent se former aux compétences numériques.
 

Apprenez-en plus sur les métiers de la Social Tech avec notre Jobpedia

Au cœur de la Social Tech Academy se trouve notre Jobpedia, une base de données, conçue pour éclairer et inspirer. Ce répertoire comprend 11 fiches métiers détaillées, chacune offrant un aperçu précis du rôle, des missions, et des compétences requises pour divers postes clés au sein de la Social Tech. Du développeur web accessible au chef de projets numériques, le Jobpedia vise à outiller les professionnels et les aspirants de l’ESS avec des informations pertinentes et actuelles.

Des portraits de professionnels inspirants

La plateforme regroupe aussi 15 interviews exclusives – d’autres interviews d’acteurs en Espagne et en Italie sont à venir. Ces entretiens, menés avec des professionnels engagés de la Social Tech, sont une source d’inspiration et de motivation. Ils évoquent de leur parcours, leur métier et les compétences clés de ce dernier.

social tech academy

Rejoignez-nous sur la Social Tech Academy

Nous vous invitons à explorer la Social Tech Academy, ses ressources et les formations proposées. Cette plateforme est conçue pour vous – acteurs de l’économie sociale, chercheurs, étudiants, et professionnels du numérique – afin de vous fournir les outils et les connaissances nécessaires pour découvrir les métiers et formations de la Social Tech.

numérique

A propos de l’auteur

Aliséa Dumery
alisea@socialgoodaccelerator.eu
Communication et animation communauté
Lille, France
Diffuser et adapter la médiation numérique avec SocialTech_ESS

Diffuser et adapter la médiation numérique avec SocialTech_ESS

Il y a un peu plus d’un an, nous avons lancé le projet SocialTech_ESS. Notre vision ? Utiliser les compétences uniques des médiateurs numériques afin de soutenir et accélérer la transition numérique des structures de l’Économie sociale et solidaire (ESS) à travers les territoires. Alors aujourd’hui, nous sommes ravis de partager avec vous les résultats de ce projet !

Échos du terrain : retour sur les 16 observations de pratique numérique

Des médiateurs numériques ont mené 16 observations des pratiques numériques d’acteurs de l’ESS durant deux jours. Du fonctionnement de l’organisation aux besoins d’accompagnement des bénéficiaires, nos 16 binômes ont notamment permis d’éclairer les enjeux des acteurs de terrain. Un événement d’échanges et de restitution a ensuite eu lieu en janvier dernier, permettant finalement de mettre en commun et d’enrichir les résultats de ces observations.

Chaque binôme observant/observé a ensuite réalisé une courte interview suivant l’expérience. Ils se présentent puis nous expliquent leur activité, avant de revenir avec nous sur leur ressenti lors de l’expérience. Suivant leurs observations et leurs remarques, nous avons donc pu construire une véritable réflexion quant aux pratiques numériques au sein de leurs structures.

Les 9 grands enseignements du projet

En partant du monopole des directions sur les choix numériques, jusqu’à la difficulté de concilier respect du RGPD et mission sociale, découvrez les défis liés aux pratiques numériques au sein de l’économie sociale et solidaire. 

La plateforme Social_tEchSS

La plateforme en ligne constitue un espace interactif où les acteurs de la médiation numérique et de l’ESS peuvent accéder aux ressources du projet, rejoindre notre communauté sur Slack mais également partager leurs propres expériences en contribuant au contenu de la plateforme en proposant des contenus (article, événement, formation).

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A propos de l’auteur

Aliséa Dumery
alisea@socialgoodaccelerator.eu
Communication et animation communauté
Lille, France
Retour sur le Social Hackathon Umbria 2022 et la réunion transnationale de la Social Tech Academy

Retour sur le Social Hackathon Umbria 2022 et la réunion transnationale de la Social Tech Academy

Retour sur 4 jours de travail intense pour l’équipe de la Social Tech Academy : #SHU2022 et notre réunion transnationale en Italie

Le projet Social Tech Academy (STA), coordonné par le Social Good Accelerator (SOGA), réunit quatre partenaires européens :

Au début du mois de juillet, les partenaires se sont retrouvés pour la première fois en présentiel, à Foligno et Montefalco (Italie), pour quatre jours intenses de travail et de partage autour de la Social Tech.

Une rencontre européenne au cœur de la Social Tech

L'équipe de Social Tech Academy le 6 juillet à Foligno, Italie.

L’équipe de Social Tech Academy le 6 juillet à Foligno, Italie.

Chaleureusement accueillis par notre partenaire italien EGInA, nous avons participé au Social Hackathon Umbria 2022 (#SHU2022), avant de consacrer deux journées à notre réunion transnationale.
Ces quatre jours ont permis de conjuguer inspiration, collaboration et construction collective — trois valeurs fondatrices du projet Social Tech Academy.

#SHU2022 : quand la jeunesse européenne met le numérique au service du bien commun

Événement phare de cette semaine, le Social Hackathon Umbria 2022 a rassemblé des équipes de jeunes hackers européens accompagnés par des mentors expérimentés.
Leur défi : concevoir des projets numériques à impact social.

En tant que membres du jury, l’équipe de la Social Tech Academy a pu découvrir huit projets innovants, tous axés sur l’inclusion, la santé, la solidarité ou l’éducation.

Parmi eux, nous avons particulièrement salué le projet “Anlaids”, une plateforme multilingue facilitant l’accès des personnes migrantes aux dépistages gratuits des maladies sexuellement transmissibles — un exemple concret de technologie au service de la santé publique et de l’inclusion.

“Le Hackathon #SHU2022 illustre parfaitement notre vision d’un numérique éthique, éducatif et coopératif. Il montre comment la jeunesse européenne peut s’emparer du digital pour répondre à des enjeux sociaux réels.”
Équipe Social Tech Academy

Une deuxième réunion transnationale pour structurer la Social Tech Academy

Les 5 et 6 juillet, les partenaires se sont réunis pour la première rencontre en présentiel du projet, après un lancement intégralement en ligne.
Ce temps collectif a permis de faire le point sur :

  • la gestion du projet (délais, livrables, suivi administratif et budgétaire),

  • les résultats du premier bloc de travail,

  • et la stratégie de formation à venir.

Premiers résultats : mieux comprendre les besoins des acteurs de l’économie sociale

Lancé en février 2022, le projet entame la fin de sa phase de diagnostic.
Cette étape consistait à analyser les besoins de quatre publics cibles :

  1. les étudiants,
  2. les dirigeants de structures de l’économie sociale,
  3. les personnes en reconversion professionnelle,
  4. et les formateurs de l’économie sociale.

Deux outils ont été mobilisés :

  • une revue de littérature européenne, soulignant les opportunités et freins de la transition numérique pour l’économie sociale,
  • et un questionnaire recueillant 116 réponses à travers l’Europe, permettant d’identifier les besoins concrets en compétences numériques.

Sur cette base, la stratégie de formation de la Social Tech Academy sera finalisée d’ici la fin du mois de juillet, avant la conception des premiers modules pédagogiques.

Vers une plateforme européenne de formation à la Social Tech

Lors de cette rencontre, les partenaires ont également :

  • co-rédigé le calendrier éditorial du projet,

  • défini l’architecture de la future plateforme Social Tech Academy,

  • et esquissé les thématiques des modules de formation à venir.

Parmi les pistes évoquées :

  • la culture numérique éthique,

  • les outils no-code,

  • la gouvernance de données,

  • et la création de parcours d’apprentissage hybrides (en ligne et présentiel).

Ces échanges ont renforcé la cohésion du consortium et confirmé la volonté partagée de faire de la Social Tech Academy une référence européenne pour les compétences numériques de l’économie sociale.


“Nous croyons profondément que la montée en compétences numériques de l’économie sociale européenne doit être collective, inclusive et ancrée dans les valeurs du bien commun.”
Social Good Accelerator

FAQ — Projet Social Tech Academy et #SHU2022

Qu’est-ce que la Social Tech Academy ?

STA est un projet Erasmus+ visant à développer une plateforme européenne de formation aux compétences numériques et sociales, adaptée aux besoins de l’économie sociale.

Quels sont les partenaires du projet ?

Le projet réunit quatre partenaires européens :

  • Social Good Accelerator (France)
  • EGInA (Italie)
  • Fundación Esplai (Espagne)
  • Pour La Solidarité (Belgique)
Qu’est-ce que le Social Hackathon Umbria (#SHU2022) ?

C’est un hackathon européen organisé chaque année par EGInA en Italie. Il rassemble des jeunes de toute l’Europe autour de défis numériques à impact social.

Quels sont les principaux résultats du projet jusqu’à présent ?

Les partenaires ont finalisé la phase de diagnostic et collecté plus de 100 contributions à travers l’Europe.
Les modules de formation seront développés sur cette base d’ici fin 2022.

À quoi servira la future plateforme Social Tech Academy ?

Elle proposera :

  • des cours en ligne gratuits,
  • des fiches métiers du numérique social,
  • des outils pédagogiques open source,
  • et des ressources multilingues (FR, EN, ES, IT) pour les formateurs et acteurs de l’ESS.
Spreading Social Economy: with SOGA, AESIO sets an example for developing the digital social economy

ESSiser l'économie : avec SOGA, AESIO donne l'exemple pour développer l'ESS numérique

ESSiser l'économie : avec SOGA, AESIO donne l'exemple pour développer l'ESS numérique

AESIO Mutuelle est la deuxième mutuelle de France, couvrant les besoins de 2,9 millions d'adhérents sur l'ensemble du territoire en matière de complémentaire santé et de prévoyance. Nous accueillons aujourd'hui Samira Sameur pour parler d'AESIO, d'économie sociale et de transition numérique.

Présentation de Samira Sameur

Diplômée en Affaires publiques de Sciences Po Paris, Samira Sameur travaille depuis quinze ans dans les relations institutionnelles, l’animation de réseaux et le management de programmes dans l’économie sociale et solidaire.Spécialiste des affaires sociales (prévention santé, emploi, formation professionnelle), elle a notamment travaillé à l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES) pendant 8 ans où elle a piloté les stratégies d’influence et de développement au niveau régional, national et européen pour défendre les intérêts de ces employeurs. 

Cela fait aujourd’hui 2 ans que Samira a rejoint AESIO mutuelle en tant que responsable Économie sociale et solidaire. Sa mission consiste à matérialiser et renforcer l'appartenance de la mutuelle à l’ESS auprès de ses différentes parties prenantes sur des dimensions institutionnelle, sociétale et corporate.

 

Parlez-nous d’AESIO, dans quelle mesure cette mutuelle s’inscrit dans le cercle de l’économie sociale et solidaire ?

Notre appartenance à l’ESS est native car nous sommes une entreprise à but non lucratif et notre raison d’être est de permettre à nos adhérents de vivre en meilleure santéToute notre organisation est structurée autour de cette mission avec l’adhérent au cœur. Au cœur de notre gouvernance tout d’abord pour les associer dans la réponse à leurs besoins. En tant que société de personnes, nous n’avons pas d’actionnaires à rémunérer et pouvons de fait concentrer l’orientation de nos bénéfices et l’énergie de nos équipes à répondre utilement aux besoins de santé de nos adhérents.

Comment est organisée AESIO mutuelle ?

Notre mutuelle d’origine a été fondée en 1838 et nous sommes progressivement passés à l’échelle nationale en unissant les forces de plusieurs mutuelles territoriales. En tant que mutuelle de santé, notre activité est réglementée par le Code de la mutualité qui prévoit que nous développions des actions de solidarité et de l’offre de soins. D’où l’existence d’AESIO santé qui gère nos 200 établissements sanitaires, sociaux et médicosociaux qui offrent soins et services dans une logique d’accessibilité financière et territoriale à nos adhérents. Nous sommes aussi activement engagés dans les enjeux de santé publique avec plus de 1300 actions de prévention déployées par an sur des sujets comme la nutrition, la prévention de la perte d’autonomie ou des maladies cardiovasculaires.

Nous avons également une Fondation d’entreprise qui soutient des projets d’utilité sociale, orientés actuellement vers la santé mentale, thématique qui nous est parue essentielle d’adresser dans le contexte post-crise sanitaire.

Vous parlez d’ESSisation, pouvez-vous expliquer ce que cette notion recouvre ?

🔷 ESSisation, une vision économique 

L’ESSisation c’est un mouvement qu’on appelle de nos vœux. Celui d’une ESS qui s'implante dans un maximum de secteurs d’activité de notre économie pour challenger mais aussi inspirer les autres acteurs économiques vers des pratiques plus vertueuses en matière sociale et environnementale.

🔷 Un appel politique à développer l’ESS

      Adressé à la fois aux entreprises de l’ESS… C’est un appel aux entreprises de l’ESS elles-mêmes pour leur demander de renouer avec leur esprit de conquête et continuer de dénicher des besoins sociaux non pourvus, conquérir de nouvelles activités et rester à la proue de l’innovation sociale.

      …Mais aussi au monde Le message c’est aussi dire qu’au moment où on parle du monde d’après et de l’économie de demain, nous pensons que la réponse existe déjà, qu’elle s’appelle ESS et qu’elle n’est pas assez connue et reconnue. Dans nos heures où l’on parle de capitalisme raisonné, nous souhaitons rappeler que l’ESS porte en elle les ferments de ce qu’on fait aujourd’hui en matière de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) et qu’il faut poursuivre en ce sens pour montrer que social et économique ne sont pas incompatibles.

 

Pouvez-vous me parler d’un projet qu’AESIO entreprend en faveur de l’ESSisation ?

Nous avons par exemple développé la campagne “ESS relance” en partenariat avec le French Impact. L’idée était de mieux se faire rencontrer les mesures du Plan de relance et les entreprises de l’ESS dans les territoires. Cela nous est paru évident car le Plan de relance plaide pour des activités plus territorialisées et qui s’inscrivent davantage dans la transition écologique, donc naturellement ciblé vers l’ESS selon nous. On s'est toutefois rendu compte que, pour des effets de taille notamment, la plupart de ces dispositifs et des financements qui y étaient attachés n’arrivaient pas jusqu’aux entreprises de l’ESS. D’où cette campagne qui a permis de décrypter les mesures et favoriser l'information des entreprises sur le terrain via plusieurs webinaires d’informations et des mises en relation entre entrepreneurs, accompagnateurs économiques et administrations. 

En tant que chargée de développement de l’ESS, quels sont les principaux obstacles que vous constatez au développement de l’ESS ?

🔴La menace d’une confusion entre les différents modèles économiques 

En matière d’obstacles, je pense qu’il y a une communication qui nuit à la reconnaissance de l’ESS : on parle de capitalisme raisonné, d’économie à impact, de politiques RSE sans faire de distinctions. Certes c’est intéressant, c’est un mouvement dont socialement on ne peut que se féliciter, même si cela peut parfois être du social washing. Mais il faut affirmer que l’ESS est une économie intrinsèquement différente dans ses modèles car la lucrativité est encadrée pour prioriser la réponse à des problématiques d’intérêt général. En ce sens, elle doit bénéficier de dispositifs légaux et fiscaux dédiés, car les bénéfices de ces entreprises n’iront jamais dans la poche d’actionnaires mais toujours en impact positif pour le territoire (création d’emploi, richesse immatérielle…). 

C’est important d’un point de vue politique aussi de marquer cette différence auprès du citoyen et du consommateur pour qu’ils puissent faire un choix éclairé en utilisant leur pouvoir d’agir et leur pouvoir d’achat à leur escient. 

🔴Le risque du quant-à-soi

L’ESS souffre aussi d’une fragmentation qui nuit à sa compréhension par les acteurs extérieurs.Il faut que les composantes juridiques de l’ESS arrivent à se rassembler sous une même bannière our peser politiquement, avoir un discours commun qui fasse valoir en quoi l’ESS est différenciante, avec des modèles de réussite. Mais il faut aussi que l’ESS ne se replie pas sur elle-même et s’ouvre aux coopérations externesque ce soit avec les pouvoirs publics ou les acteurs lucratifs. Se positionner auprès d’autres permet de montrer la plus-value d’une ESS qui sait justement capter des publics éloignés, avoir une action très territoriale du fait de son histoire ou encore donner la capacité à une action de s’inscrire dans le temps long. En cela, nous prônons une “ESS ouverte”.

 

Dans quelle mesure l’ESS est-elle complémentaire de l’économie à impact ? 

On voit grandir le mouvement autour de l’économie à impact qui vise à mieux connecter l’entreprise à son écosystème et donc à infléchir ses externalités négatives au niveau environnemental, à être plus inclusif, c’est très bien et il n’est pas intéressant de confronter les systèmes. Mais il est important de marquer que l’ESS s’est construite à rebours, c’est-à-dire que la vocation créatrice d’une entreprise de l’ESS est de répondre à une utilité sociale et que le profit n’est pas une fin mais un moyen mis au service de cette finalité. and that profit is not an end but a means to this end.

 

En tant que chargée de développement de l’ESS, quelles évolutions avez-vous constaté ces dernières années dans le secteur ?

⚖️ Un cadre juridique renforcé depuis 2014

Le champ a été renforcé avec une loi éponyme en 2014 qui a permis de donner un cadre juridique à l’ESS, un périmètre défini et de la doter aussi bien sur champ politique que patronal d’une représentation singulière (ESS France et UDES). C’est important pour montrer que les entreprises de l’ESS produisent, emploient autrement et ont une relation à la société différente basée sur l’éthique et la solidarité. #ESSisation 😉 😉 

🟠Sur le terrain, une double contrainte pour les entreprises de l’ESS 

Sur le terrain, ces dernières années ont été complexes pour les entreprises de l’ESS. Elles ont été prises en étau par un double mouvement : avec d'une part, des entreprises lucratives qui investissent de plus en plus leurs métiers traditionnels (petite enfance, aide à domicile, activités sanitaires sociales et médico-sociales), et en parallèle un désengagement des pouvoirs publics pilotes de ces mêmes politiques sociales et qui étaient des alliés traditionnels (conseils départementaux notamment). Ce désengagement s’est manifesté par le développement de dispositifs mettant en concurrence les entreprises de l’ESS, notamment par appels à projet, alors que leur mode d’action naturel est celui de la coopération.

Personnellement, je pense que cela doit inviter l’ESS à se renouveler. Si l’ESS est concurrencée par des entreprises lucratives, elle ne doit justement pas s’interdire elle aussi d’investir des secteurs d’activité plus concurrentiels en misant sur son impact social pour se différencier auprès des consommateurs, qui sont de plus en plus soucieux des questions d’éthique. 

Selon vous, dans quelle mesure la transition numérique peut-elle aider l’économie sociale à se développer ?

La pandémie et les restrictions sociales afférentes nous ont montré que la transition numérique n’est plus une option, et que les entreprises de l’ESS doivent intégrer ce mouvement au même titre que toute autre entreprise. L’objectif est tout bonnement de manager son organisation avec son temps et de s’adapter aux pratiques des consommateurs que nous appelons « adhérents ». 

J’aimerais prendre la question à l’envers et questionner pourquoi la transition numérique gagnerait à s’appuyer sur l’ESS, qui a clairement une carte à jouer dans l’alliance entre innovation numérique et innovation sociale.

S’appuyer sur des entreprises de l’ESS pour penser le numérique et ses usages c’est d’abord mettre un garde-fou aux pratiques algorithmiques déshumanisantes qui ne mettent pas le numérique au service de l’humain mais asservit des travailleurs et des utilisateurs à des seules fins mercantiles. C’est pour ça que les entreprises de l’ESS doivent investir le digital, c’est une responsabilité également pour permettre aux publics fragiles, qu’elles ont en contact privilégié, de ne pas passer à côté des opportunités du numérique. 

 

Comment voyez-vous votre rôle au sein du Social Good Accelerator ?

Nous avons tenu à être partie prenante d’un mouvement qui fait valoir une représentation consolidée des entrepreneurs sociaux et des acteurs numériques au niveau européen. D’autre part, notre souhait est de mettre en commun les réflexions et besoins remontés par nos adhérents en termes de santé numérique au niveau européen et la façon dont cela peut impacter notre modèle social. On l’a vu avec la pandémie, la santé ne connait pas de frontière, et même si nous n’avons pas une présence internationale, il ne nous semble pas trop tôt pour investir ces sujets dans une approche prospective.

Un article écrit par

Justine Coopman
justine(at)socialgoodaccelerator.eu
Affaires publiques et Communication
Lille, France

Social Tech Academy : le programme européen pour une économie sociale numérique

Social Tech Academy : le programme européen pour une économie sociale numérique

Depuis plusieurs décennies, nos sociétés connaissent des transformations profondes qu’il est impossible de comprendre sans évoquer le rôle du numérique.
Les mutations qu’il engendre touchent aussi le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui doit s’adapter pour rester un acteur clé de la transition écologique, sociale et démocratique.

Conscient de ces enjeux, le Social Good Accelerator (SOGA) a lancé la Social Tech Academy, un programme d’acculturation numérique destiné aux acteurs de l’économie sociale européenne.
Ce programme vise à permettre à chacun de comprendre, maîtriser et co-construire le numérique d’intérêt général.

Comprendre la transition numérique pour mieux l’habiter

La transition numérique — à distinguer de la simple transformation digitale — désigne une mutation sociétale globale.
Elle ne se limite pas à l’adoption d’outils : elle transforme la manière de produire, de coopérer et de gouverner.

Trois dimensions en sont indissociables :

  1. Technologique : équipements, serveurs, outils collaboratifs, logiciels libres.
  2. Informationnelle : gestion des données, maîtrise de la donnée publique et sociale, big data responsable.
  3. Culturelle : transparence, coopération, horizontalité, liberté d’expression et décloisonnement entre sphères privée et publique.

S’approprier ces trois dimensions, c’est redonner du sens à la place du numérique dans nos modèles de coopération.

Les défis des actrices et acteurs de l'économie sociale

Pour les organisations de l’économie sociale — associations, coopératives, mutuelles ou fondations — la transition numérique est un levier mais aussi un défi.
Leur rapport au numérique reste souvent marqué par une distance culturelle, un manque de formation ou une sous-représentation dans les politiques publiques du digital.

Or, sans appropriation collective, le risque est de laisser au marché le soin de définir les usages et les normes du numérique.

Le SOGA plaide pour une digitalisation coopérative, fondée sur :

  • la mutualisation des connaissances et des ressources ;
  • un usage éthique et responsable des technologies ;
  • et une appropriation citoyenne du numérique, notamment par les structures d’utilité sociale.

La pandémie de Covid-19 a d’ailleurs montré à quel point le numérique pouvait préserver le lien social, renforcer la coopération et maintenir les activités essentielles — à condition d’être utilisé à bon escient.

Les objectifs de la Social Tech Academy

La Social Tech Academy est un programme européen du Social Good Accelerator dédié à la formation, à la médiation et à la culture numérique dans l’économie sociale.
Son ambition : favoriser la montée en compétences digitales des organisations et des citoyens engagés dans la transition sociale.

Les objectifs principaux :

  • Promouvoir la Social Tech européenne : rendre visibles les solutions numériques issues de l’économie sociale.

  • Renforcer la citoyenneté numérique : faire du numérique un bien commun accessible à tous.

  • Former et connecter : créer un lieu de partage entre la tech et l’économie sociale.

Les premiers cycles de la Social Tech Academy ont pris la forme de webinaires ouverts à tous, diffusés sur Crowdcast, autour de thématiques telles que :

  • le no-code pour les structures de l’ESS,

  • la mesure d’impact digital,

  • les méthodes agiles,

  • le diagnostic numérique,

  • ou encore le design d’expérience utilisateur (UX).

Ces contenus sont toujours accessibles en replay sur le site du SOGA.

Origine du projet : une étude fondatrice en 2019

La Social Tech Academy est née à la suite d’une étude menée en 2019 par le SOGA sur les coopérations entre acteurs du numérique et de l’économie sociale en Europe.
Les résultats ont révélé que :

  • 80 % des organisations ayant coopéré avec un acteur tech ont renforcé leurs compétences numériques,
  • 78 % ont accru leur impact social,
  • mais 76 % estiment encore mal connaître les opportunités du numérique,
  • et 81 % jugent que le secteur social reste trop éloigné de la culture tech.

Face à ce constat, le SOGA a imaginé un programme open source, collaboratif et pair-à-pair, permettant aux acteurs de l’ESS de s’approprier le numérique selon leurs valeurs.

keynote Mannheim

Une vision humaniste du numérique

Le SOGA considère le numérique comme un processus de civilisation — un ensemble de nouveaux codes sociaux fondés sur l’accès à la connaissance, la coopération et la liberté d’expression.

“Le numérique ne doit pas être une contrainte technologique, mais un outil d’émancipation et de démocratie.”
Social Good Accelerator

C’est dans cette perspective que la Social Tech Academy agit : pour un numérique par et pour l’économie sociale, au service du bien commun européen.

Résultats attendus et impact social

À travers la Social Tech Academy, le SOGA vise à :

  • 🧩 Renforcer la compréhension du numérique au sein de l’ESS,
  • 🤝 Partager des savoirs techniques et pratiques avec des professionnels éloignés du digital,
  • 🌐 Réduire la fracture numérique en s’appuyant sur les acteurs de terrain,
  • 💬 Créer des ponts entre la tech et l’économie sociale,
  • 🚀 Stimuler l’emploi et l’innovation sociale grâce à la montée en compétences numériques.

Ces actions participent à un même objectif : accélérer une transition numérique démocratique, inclusive et durable.

Sources : 

Cavallari, Peppe « La culture numérique selon Dominique Cardon / Dominique Cardon, Culture numérique, Presses de Sciences Po, 2019 ». Sens public (2019).

Proceedings of the webinar “Understanding the Digital Transition in the Social Economy” écrit par Pour la Solidarité, 3 mars 2021.