AESIO Mutuelle et le Social Good Accelerator : ESSisation et transition numérique solidaire

AESIO Mutuelle et le Social Good Accelerator : ESSisation et transition numérique solidaire

AESIO Mutuelle et le SOGA : ESSisation et transition numérique solidaire

Deuxième mutuelle française, AESIO Mutuelle couvre les besoins de 2,9 millions d’adhérents à travers le pays en matière de santé et de prévoyance.
Acteur engagé du mutualisme et de la solidarité, AESIO s’affirme comme un pilier de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Aujourd’hui, nous rencontrons Samira Sameur, responsable du développement de l’économie sociale et solidaire chez AESIO Mutuelle, pour parler d’ESSisation, d’innovation sociale et de transition numérique.

Présentation de Samira Sameur

Diplômée en affaires publiques à Sciences Po Paris, Samira Sameur évolue depuis quinze ans dans le champ de l’économie sociale et solidaire.
Spécialiste des politiques sociales — prévention santé, emploi, formation professionnelle — elle a travaillé huit ans à l’Union des employeurs de l’ESS (UDES), où elle a piloté la stratégie d’influence et de développement du réseau au niveau régional, national et européen.

Depuis deux ans, elle a rejoint AESIO Mutuelle en tant que responsable ESS.
Sa mission : ancrer et renforcer l’identité sociale et solidaire de la mutuelle, en lien avec ses partenaires institutionnels, ses adhérents et ses collaborateurs.
Autrement dit, faire vivre l’ADN mutualiste d’AESIO à toutes les échelles de son action.

 

AESIO, une mutuelle ancrée dans l’économie sociale

“Notre appartenance à l’économie sociale est native : nous sommes une entreprise à but non lucratif dont la raison d’être est de permettre à nos adhérents de vivre en meilleure santé.”

Chez AESIO, le sociétaire est au cœur du modèle, jusque dans la gouvernance :
aucun actionnaire à rémunérer, mais des bénéfices réinvestis dans l’amélioration des services, la prévention et l’innovation sociale.
Ce modèle, fondé sur la solidarité et la transparence, incarne la logique d’un capitalisme à mission, où le bien commun prime sur la rentabilité.

ESSisation : une vision économique et politique

Une vision économique vertueuse

L’ESSisation, c’est le mouvement d’extension de l’économie sociale à de nouveaux secteurs d’activité.
Une dynamique de transformation qui inspire les entreprises classiques vers des pratiques plus éthiques et durables.

“Nous espérons une ESSisation de l’économie : qu’elle infuse tous les secteurs, pour challenger et inspirer le modèle dominant.”

Un appel politique à l’action

Ce mouvement s’adresse :

  • aux acteurs de l’ESS eux-mêmes, pour renouveler leur esprit de conquête et explorer de nouveaux champs d’innovation sociale ;

  • aux décideurs publics et économiques, pour reconnaître que les réponses aux défis sociaux et environnementaux existent déjà dans l’ESS.

“À l’heure où l’on parle de ‘capitalisme raisonné’, rappelons que l’économie sociale a depuis longtemps les germes de la responsabilité sociétale.”

AESIO et la campagne “ESS Relance”

Parmi les projets emblématiques menés, AESIO a lancé la campagne “ESS Relance” en partenariat avec French Impact.
Objectif : mieux connecter les mesures du Plan de relance aux entreprises de l’ESS.

Face au constat que les aides publiques atteignaient peu les structures sociales, AESIO a mis en place :

  • des webinaires d’information,

  • des sessions de décryptage des dispositifs,

  • et des rencontres entre entrepreneurs, conseillers économiques et administrations.

Résultat : une meilleure appropriation des politiques publiques et un accès facilité aux financements pour les structures de terrain.

Les freins au développement de l’économie sociale

Une confusion des modèles économiques

“On parle de capitalisme à impact ou de RSE, mais sans distinguer les modèles.”

Samira Sameur alerte sur une communication brouillée entre impact economy et économie sociale, qui tend à diluer les spécificités de cette dernière.
Or, la différence est fondamentale : l’ESS encadre la rentabilité pour servir l’intérêt général.

Cette distinction doit être affirmée politiquement et fiscalement, afin de garantir :

  • des régimes juridiques adaptés,

  • une reconnaissance citoyenne du modèle ESS,

  • et un choix éclairé des consommateurs.

Le risque de fragmentation

L’ESS souffre aussi d’un manque de cohésion interne : les différentes familles juridiques (coopératives, mutuelles, associations, fondations) peinent à parler d’une seule voix.

“Nous défendons une économie sociale ouverte, capable de coopérer avec d’autres acteurs, publics ou privés, tout en affirmant sa singularité.”

Un cadre renforcé, mais des tensions persistantes

La loi ESS de 2014 a marqué un tournant en donnant un statut légal et une représentation politique au secteur (via ESS France et l’UDES).
Mais sur le terrain, les tensions concurrentielles se sont accrues :

  • désengagement progressif de certains pouvoirs publics,

  • appels à projets mettant en compétition les structures solidaires entre elles,

  • arrivée d’entreprises lucratives sur les marchés historiques de l’ESS (petite enfance, aide à domicile, médico-social…).

“Face à cette concurrence, l’ESS doit se réinventer, investir de nouveaux champs et faire de son impact social un avantage compétitif.”

La transition numérique, un levier pour l’économie sociale

Pour Samira Sameur, la transition numérique n’est plus une option.
Elle est devenue une condition de survie et d’innovation pour les structures sociales.

Mais au-delà de la digitalisation des processus, il s’agit de repenser les usages :

“Pourquoi le numérique ne s’inspirerait-il pas de l’économie sociale ?”

Selon elle, confier la réflexion numérique à des acteurs de l’ESS permet :

  • de préserver une approche humaine des technologies,

  • d’éviter les dérives algorithmiques déshumanisantes,

  • et d’assurer l’inclusion numérique des publics les plus fragiles.

C’est cette alliance entre innovation technologique et innovation sociale qu’AESIO souhaite promouvoir, notamment aux côtés du Social Good Accelerator.

AESIO au sein du Social Good Accelerator

“Nous avons rejoint le SOGA pour mutualiser les réflexions autour de la santé numérique et contribuer à une représentation européenne des acteurs de l’économie sociale.”

AESIO souhaite participer activement aux travaux du SOGA sur :

  • la coopération européenne autour de la santé numérique,

  • la préservation du modèle mutualiste dans un environnement digitalisé,

  • et la co-construction d’un numérique au service du bien commun.

FAQ — AESIO, ESSisation et numérique social

Qu’est-ce qu’AESIO Mutuelle ?

Deuxième mutuelle de France, AESIO Mutuelle couvre près de 3 millions d’adhérents.
Entreprise à but non lucratif, elle inscrit son action dans les principes de solidarité, prévention et innovation sociale.

Que signifie “ESSisation” ?

Le terme désigne le mouvement par lequel les valeurs et modèles de l’économie sociale s’étendent à d’autres secteurs économiques, inspirant des pratiques plus solidaires et durables.

Qu’est-ce que la campagne “ESS Relance” ?

Une initiative d’AESIO Mutuelle et de French Impact visant à rendre plus accessibles les aides publiques du Plan de relance aux entreprises sociales via des webinaires et ressources territoriales.

En quoi le numérique peut-il servir l’économie sociale ?

Le numérique, utilisé de manière éthique, permet :

  • d’améliorer la gestion des structures sociales,

  • de renforcer la coopération territoriale,

  • et de favoriser l’inclusion des publics éloignés.

Quel rôle joue AESIO au sein du Social Good Accelerator ?

AESIO contribue aux réflexions européennes sur la santé numérique et l’innovation sociale, en partenariat avec le SOGA, pour faire du numérique un levier de solidarité et de résilience collective.

Social Tech Atlas: why a single map for a thousand social organisations?

Social Tech Atlas : pourquoi une seule et même carte pour 1000 organisations de l'ESS ?

Social Tech Atlas : pourquoi une seule et même carte pour 1000 organisations de l'ESS ?

Jusqu’alors, il n’existait aucune base de données européenne regroupant à la fois les organisations soutenant les acteurs de l’économie sociale dans leur transition numérique, ni celles offrant des outils et services numériques alternatifs. C’est désormais chose faite avec le Social Tech Atlas, qui ne prétend pas avoir réussi à les réunir, mais en a bien l’ambition.

Voici les objectifs de cet outil gratuit, ouvert et accessible.

Screenshot Social Tech Atlas
Une brève vue du Social Tech Atlas : chaque point correspond à une organisation, et chaque couleur à un secteur précis.
Source: Social Tech Atlas

Rassembler les acteurs de la Social Tech
Alors que de nombreux autres cas de cartographie existaient déjà, le SOGA a récemment fait le constat qu’une cartographie regroupant les acteurs impliqués de près comme de loin pour la Social Tech était aux abonnés absents. Par exemple, des organisations comme Impact Database ont proposé une carte interactive du paysage des investisseurs à impact en Europe. Dans le cas du SOGA, le but est bien de regrouper les acteurs de la Social Tech. Ce concept décrit le fait d’utiliser les technologies numériques pour agir pour l’intérêt général et la société. En d’autres termes, il s’agit du modèle que le SOGA prône depuis sa création, c’est-à-dire celui de résorber les inégalités, de renforcer les solidarités existantes ou encore d’innover socialement à travers l’utilisation des outils numériques ouverts et libres.


Constituée de modèles technologies s’appuyant sur des acteurs et des infrastructures de l’ESS, la Social Tech propose des systèmes à fort impact social et environnemental. Par ailleurs, il est nécessaire que l’ESS réussisse sa transition numérique, notamment pour qu’elle préserve son patrimoine social immatériel, au coeur du modèle européen.

Une carte interactive pour mutualiser les forces des spécificités du modèle Tech européen
Pour y parvenir, comme de nombreux acteurs du secteur, le Social Good Accelerator souhaite lui aussi proposer des outils ouverts couplés à des applications pratiques. Cette idée de base de données que l’association a désormais en tête depuis quelque temps permettra aux organisations de l’ESS en Europe et aux décideurs politiques d’identifier rapidement plusieurs acteurs. Les bases de données qui fourniront le Social Tech Atlas seront d’ailleurs des bases ouvertes de nos partenaires, qui recensent déjà un certain nombre de structures que le SOGA souhaiterait référencer. Il faut en effet agréger cette donnée, la valider, la rendre conforme au RGPD pour qu’ensuite elle soit intégrée dans l’Atlas. L’équipe du projet a dû garder en tête l’objectif de cette cartographie ouverte, et donc de bien filtrer les organisations qui avaient lieu d’y être des autres.

D’abord, l’Atlas leur permettra de trouver les organisations européennes qui accompagnent en particulier les acteurs de l’ESS dans leur transition numérique par des méthodes axées par exemple sur un accompagnement au changement ou de l’UX design adapté. Ensuite, toute organisation pourra trouver des structures européennes à statuts variables (coopératives, mutuelles, associations, fondations) proposant des outils et services numériques alternatifs et ouverts.

L’objectif du Social Tech Atlas est bien de mutualiser les forces pour contribuer aux spécificités du modèle Tech européen, tout en améliorant la reconnaissance de valeur ajoutée qu’il incombe. Mutualiser les forces pour le plus grand bien permettra aux structures concernées de leur limiter des coûts financiers et temporels. En effet, avec le Social Tech Atlas, un gain de temps considérable est potentiellement envisageable pour les structures de l’économie sociale. La création de tels communs s’inscrit dans la démarche du SOGA de renforcer les missions du secteur. Il s’agit là de permettre aux acteurs européens de l’ESS de trouver des partenaires en phase avec la transformation numérique de leur structure. 

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Le logo du Social Tech Atlas.
Source: Social Good Accelerator

En plus d’offrir des compétences et des services utiles au bien commun, les organisations référencées sont ici aussi spécialisées sur les enjeux ESS (parfois même en en faisant statutairement partie).

L’ambition du SOGA dans la création d’un tel commun numérique est bien de voir se multiplier les coopérations européennes dans la Social Tech. Cette ambition n’aurait pas pu être concrétisée sans l’incroyable engagement des partenaires et bénévoles de l’association d’Aésio Mutuelle, qui fut le principal financeur de ce projet. Un immense merci à nos bénévoles de >Contournement>, de Latitudes, du Fantastique Bazar et de Vizity pour l’énorme travail accompli. Allez faire un tour sur leur site, c’est super ce qu’ils font !

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AESIO Mutuelle
PANA
The role of social economy in a fair and sustainable recovery: input for the future Action Plan on social economy

The role of social economy in a fair and sustainable recovery: input for the future Action Plan on social economy

The first European Social plan, which will be driven by European associations and announced by Commissioner Nicolas Schmit, raises several questions. The consequences of the economic and social crises we are experiencing are putting the social economy at the forefront, which has shown its resilience capacities in the recent months. This is why the European Economic and Social Committee organised a public hearing on February 17th focusing on the role of the social economy in the European recovery.

 

“The circular economy can only work with fair regulation”

The European Union has been able to propose new legislative instruments that will strengthen the adaptability of its public policies and the resilience of its citizens. New levers for action were recommended in the recent strategic foresight report. Giuseppe Guerini (EESC) highlighted the appropriate response the social economy provided in the crisis and in the recovery. That is why there is a need for “a more harmonised fiscal policy among Member States, which would allow greater recognition of the general interest function of social economy organisations”, he said. This issue is also perfectly fits with the programme of the Portuguese Presidency of the Council that began last January, which focuses on the European social rights basis and also corresponds to the action plan announced by Mr. Schmit. It should be noted that this presidency is resolutely focused on the digital dimension, and that this dimension will be pursued during the forthcoming Slovenian and French presidencies.

 

The MEP Sven Giegold then focused on the role of the European Parliament in promoting social economy. According to the MEP, “the EU must support this sector as much as possible, in particular by going further in terms of public policies”. For example, it would be appropriate, according to Mr Giegold, to create a stronger statute for associations at the European level. “There is a real need for a new offensive from the European institutions to recognise the social economy in its diversity, to facilitate the procedures related to it and to create a clear and transparent status” he said. The MEP supports the idea that the social economy can only function on the basis of fair regulation, while relying on a long political agenda and continued support from public authorities.

“The role of the state must be reassessed to improve our resilience”

Nevertheless, the EU is defined by the Treaties as a social market economy, which at present still seems to be lacking. It is necessary to find a good balance to bring business into this debate. Thus, the major economic sectors are seen as inactive in this area, according to Maxime Cerutti (Business Europe).

There is a need for help, especially financial help, in this sector, which has been weakened by the current crises. Filipa Farelo (CASES, Portugal) took the opportunity to point out that “the social economy should be given greater prominence in order to guarantee a better European transition, particularly in view of its importance in terms of resilience”. According to her, the social economy has demonstrated its capacity for inclusion and diversity, in terms of the good representation of women and people with reduced mobility it shows, compared to other sectors.

 

“The current crisis allows for change in some sectors”

Juan Pedreno (Social Economy Europe) pointed out the importance of supporting democratically functioning start-ups. Such initiatives would allow for a more active participation of European citizens, while strengthening protection systems and cooperation with the public sector to build innovative projects. Thus, the digital transition is a crucial issue for revitalising the social economy in Europe, especially in rural areas affected by the crisis through collective enterprises. The role of the state must therefore be reassessed to improve the resilience of each and every individual.

 

The social economy is therefore a priority for many actors at the European level, as Jordi Canas, MEP, stated at this public hearing. He therefore regretted the fact that the social economy is not a priority of the Commission, but an objective. Ann Branch (DG Empl) stated that “the Commission attaches full importance to the common base and the social economy”. This therefore poses problems of legal interpretation at the level of European standards related to this theme.

This position is all the more regrettable since the role of the social economy is clear in job creation, without being fully recognised, according to Gianluca Pastorelli (DIESIS). This is why the current crises could be a real window of opportunity to change certain sectors, such as “tourism, which can be made more sustainable and local”, in connection with the social economy.