Data of general interest: towards a public partnership with Social Economy

Données d'intérêt général : vers un partenariat public commun avec l'ESS ?

Données d'intérêt général : 

vers un partenariat public commun avec l'ESS ?

Le 8 novembre 2023 marque le début du NEC ESS Europe, l’événement de rassemblement de l’ESS numérique en France et en Europe organisé par le SOGA. Son objectif ? Faire connaître et accélérer l’ESS numérique. Cet événement s’ancre dans la démarche Numérique en commun[s] de l’ANCT et est co-financée par le Crédit Coopératif. Rassemblant plus de 200 personnes et plus de 80 intervenants, le NEC ESS Europe a été le catalyseur de discussions passionnantes. Nous vous proposons un compte-rendu des échanges de la conférence "Données d'intérêt général : vers un partenariat publics communs avec l'ESS ?" qui s’est déroulée à Paris.

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Cette conférence a rassemblé des personnalités éminentes telles que Jacques François Marchandise (Exploranum), Emmanuel Porte (INJEP), Vincent Bachelet (Inno3), Rémy Gerbet (Wikimedia France), et Madame la Députée Mireille Clapot (CNSP). Ensemble, ils ont exploré les défis et les opportunités de l'utilisation des données dans l'économie sociale et solidaire (ESS) numérique, un sujet de plus en plus prépondérant à l'ère du numérique.

Plaider en faveur d'une transition numérique inclusive

Jacques François Marchandise a lancé les discussions en mettant l'accent sur la transition numérique inclusive. Il a souligné la nécessité de démanteler les barrières entre les domaines professionnels. Jacques François Marchandise a illustré son propos par le rôle transformateur de la médiation numérique dans différents secteurs. Selon lui, c'est la clé d'une intégration réussie de la technologie numérique dans toutes les sphères de la société.

La culture de la donnée dans les associations

Emmanuel Porte a pris la parole pour approfondir le sujet de la culture de la donnée au sein des associations. Emmanuel Porte a remis en cause la vision des données comme une contrainte, notamment dans le cadre du RGPD, en les positionnant plutôt comme un outil de coopération territoriale. Emmanuel Porte a souligné l'importance de la perception et de l'utilisation des données dans la formation professionnelle et le renforcement des capacités des associations. Emmanuel Porte a fait référence aux Cahiers de l’action (n°60) “Les associations au défi des données numériques”.

Exploration de l'utilisation des données dans les communautés numériques

Vincent Bachelet a ensuite orienté la discussion vers l'utilisation des données dans les biens communs numériques. Vincent Bachelet s'est interrogé sur les différentes méthodes permettant d'utiliser efficacement les données collectives, tout en respectant les principes des biens communs numériques. Les réflexions de Vincent Bachelet ont ouvert de nouvelles perspectives sur la valorisation éthique et collaborative des données.

Collaboration dans la diffusion des données

Rémy Gerbet a souligné le rôle critique de la collaboration dans la diffusion des données d'intérêt général. Rémy Gerbet a présenté la collaboration entre l'OMS et le mouvement Wikimedia pendant la pandémie COVID-19 comme un cas exemplaire. Cette collaboration a démontré comment le partage rapide d'informations validées peut avoir un impact global significatif.

Un cadre juridique pour les communs numériques

Mireille Clapot, membre du Parlement européen, a conclu la série d'entretiens. Mireille Clapot a souligné la nécessité de disposer de cadres juridiques adaptés aux biens communs numériques d'intérêt général. Mireille Clapot a plaidé en faveur d'une définition juridique claire des biens communs numériques et de l'adaptation des cadres juridiques et fiscaux. Elle a fait référence à l'avis de la CSNP sur les communs numériques, dirigé par Jeanne Bretécher (Présidente du SOGA), qui offre un aperçu des défis et des solutions pour le développement des biens communs numériques.

Conclusion 

Cette conférence a brillamment mis en lumière la complexité et l'importance de la gestion des données dans l'économie sociale numérique. Vous pouvez regarder le replay de la conférence sur la chaîne Youtube du SOGA.

Si vous êtes intéressé par ces sujets, rejoignez le SOGA pour nous soutenir et développer une économie sociale numérique européenne forte.

 

Un article écrit par

Justine Coopman
Communication and Public Affairs Manager
justine(at)socialgoodaccelerator.eu
Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie

Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie

Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie européennes

Le 17 novembre 2023 marquait la clôture de NEC ESS Europe. Cet événement, organisé par le Social Good Accelerator (SOGA), s’inscrivait dans le cadre de l’initiative Numérique en commun[s] de l’ANCT. Il a été cofinancé par le Crédit Coopératif.

L’objectif était clair : accélérer la transition numérique de l’économie sociale et solidaire. Pendant deux jours, plus de 200 participants et 80 intervenants se sont réunis. Ainsi, NEC ESS Europe est devenu un catalyseur de débats riches et constructifs.

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Avec plus de 200 participants et 80 intervenants, NEC ESS Europe a été un catalyseur de discussions passionnantes. Parmi les temps forts, la conférence organisée au Comité économique et social européen (CESE), intitulée :
« Construire une Europe numérique pour le bien commun : l’économie sociale numérique, une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie ».

L’économie sociale numérique, moteur de démocratie

La première session a mis en lumière le rôle de la Social Tech comme levier démocratique. Elle a notamment insisté sur la Civic Tech et les données citoyennes.

  • Gabriela Martin (SOGA) a souligné la nécessité de créer des espaces numériques ouverts et inclusifs.

  • Julia Herriot (ANCT) a présenté la démarche Numérique en commun[s] et le programme Société numérique. Elle a rappelé les enjeux liés aux financements et aux données d’intérêt général.

  • Jeanne Bretécher (SOGA) a défendu la numérisation de l’ESS. Selon elle, elle peut soutenir la démocratie et renforcer les services sociaux.

  • Adrien Duguet (ACTE) a alerté sur les risques liés à la transparence et à la protection des données. Il a insisté : sans confiance, aucune participation démocratique durable n’est possible.

  • Hendrik Nahr (Make.org) a illustré l’impact de la Civic Tech. Il a cité la campagne EurHOPE, qui mobilise les jeunes Européens avant les élections de 2024.

Enfin, Giuseppe Guerini (CECOP – CESE) a plaidé pour une régulation européenne du numérique. Selon lui, elle doit protéger les citoyens tout en encourageant l’innovation.

Services numériques d’intérêt général et coopération

La seconde session a exploré les services numériques d’intérêt général et les partenariats public-privé. Ces derniers apparaissent comme des leviers essentiels pour la cohésion sociale et territoriale européenne.

  • Jeanne Bretécher (SOGA) a ouvert la discussion. Elle a rappelé que le “superpouvoir” de l’ESS reste la coopération.

  • Sara de Heusch (SEE) a insisté sur le rôle unique des coopératives, mutuelles, associations et fondations. Elles peuvent construire un numérique respectueux de la vie privée, durable et démocratique.

  • Patrick Klein (Commission européenne) a rappelé que la co-création est indispensable. Selon lui, elle conditionne le succès de la transition numérique européenne.

  • Denis Stokkink (Pour La Solidarité) a présenté le projet Social Tech Academy. Ce programme, porté par SOGA, Egina et Fundación Esplai, vise à développer les compétences numériques dans l’ESS.

  • Maxime Baduel (délégué interministériel à l’ESS) a insisté sur le rôle de l’État. Il a rappelé que la gestion responsable des données et la montée en compétences sont des priorités.

Ainsi, les intervenants ont confirmé que la transition numérique ne peut réussir qu’en associant les valeurs et les méthodes de l’économie sociale.

    Une Europe numérique plus juste et plus démocratique

    En conclusion, les intervenants ont affirmé que l’avenir numérique de l’Europe ne peut être uniquement marchand. Pour être durable, il doit s’appuyer sur les valeurs de l’économie sociale et solidaire : coopération, justice sociale, respect de l’environnement et démocratie participative.

    👉 Le replay de la conférence est disponible sur la chaîne YouTube du Social Good Accelerator.
    👉 Pour contribuer à ce mouvement et soutenir le développement d’une économie sociale numérique européenne, rejoignez la communauté SOGA.

      Dynamiser l’économie sociale par le numérique

      Dynamiser l’économie sociale par le numérique

      Dynamiser l’économie sociale par le numérique : les recommandations de la Commission européenne

      Avec la montée en puissance du numérique dans nos sociétés, il devient impératif d’assurer l’adaptation de l’économie sociale à cette transformation majeure.
      Loin de la recherche effrénée du profit, l’économie sociale occupe une place essentielle en plaçant l’humain, les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de son action.

      Pour permettre à ce secteur dynamique de s’épanouir pleinement, la Commission européenne a présenté en décembre 2021 un plan d’action ambitieux pour l’économie sociale.
      Au cœur de ce plan figure une recommandation du Conseil, adoptée le 13 juin 2024, qui vise à créer les conditions-cadres nécessaires au développement de l’économie sociale en Europe.

      Notre analyse se concentre sur les propositions numériques clés de cette recommandation — des mesures innovantes qui ouvrent de nouvelles perspectives pour l’économie sociale à l’ère digitale.

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      Renforcer les compétences numériques dans l’économie sociale

      Pour réussir les transitions numérique et écologique, il est essentiel de développer les compétences numériques au sein de l’économie sociale.
      La Commission encourage les États membres à soutenir la formation, les échanges d’expériences et le développement de compétences managériales, entrepreneuriales et digitales adaptées à un environnement en constante évolution.

      Exemple concret : la Social Tech Academy.

      Le Social Good Accelerator pilote la Social Tech Academy, programme de référence pour la montée en compétences numériques des acteurs de l’économie sociale.
      Ouvert, collaboratif et accessible, ce programme vise à outiller les structures de l’ESS et leurs bénéficiaires — notamment les jeunes et les personnes éloignées de l’emploi — pour une transition numérique inclusive et professionnalisante vers les métiers du “Social Tech”.

      Relier politique industrielle et transition numérique

      Pour stimuler l’innovation sociale et un développement économique durable, il est crucial d’intégrer les objectifs de l’économie sociale dans les politiques industrielles.
      Cette articulation facilite la transition vers une économie circulaire et numérique, où les acteurs coopèrent pour maximiser l’impact social positif.

      L’intégration de ces objectifs favorise :

      • la création d’emplois durables,

      • la promotion de l’entrepreneuriat social,

      • et la réduction des inégalités.

      En combinant ces dynamiques dans les stratégies industrielles, l’Union européenne trace la voie d’un avenir plus inclusif et équitable, où performance économique et utilité sociale se renforcent mutuellement.

      Encourager le développement des initiatives communautaires

      La Commission européenne soutient activement le déploiement d’initiatives communautaires au sein de l’économie sociale.
      Celles-ci prennent la forme de :

      • communautés énergétiques,

      • solutions de mobilité partagée,

      • plateformes coopératives numériques,

      • coopératives agricoles et circuits courts alimentaires.

      Ces initiatives renforcent la cohésion sociale et territoriale en permettant aux citoyens d’accéder à des produits et services locaux tout en participant à des modèles économiques durables.

      Dans cette optique, la Commission a lancé le Portail européen de l’économie sociale et numérique : un guichet unique en ligne pour accéder à des informations sur les financements européens, formations, événements et opportunités par pays.

      Renforcer l’accès aux outils numériques et aux technologies émergentes

      Pour prospérer dans un environnement numérique en constante mutation, les structures de l’économie sociale doivent avoir accès à des outils technologiques avancés.
      L’usage de l’open source, du big data et de l’intelligence artificielle responsable permet d’améliorer l’efficacité, la productivité et l’impact social des organisations.

      Exemple inspirant : TechSoup fournit des licences logicielles à des milliers d’associations en Europe, leur permettant d’accéder à des outils numériques performants et abordables, renforçant ainsi leur capacité d’action sociale.

      Ouvrir l’accès aux marchés et à la commande publique

      La Commission européenne encourage une coopération accrue entre entreprises sociales et entreprises classiques, notamment via les technologies numériques qui facilitent l’accès aux marchés privés et publics.
      Cette collaboration permet d’amplifier la portée sociale et environnementale des initiatives de l’économie sociale.

      Pour accompagner cette dynamique, la Commission préconise :

      • des mécanismes de soutien spécifiques,

      • des formations dédiées à la commande publique responsable,

      • et des incitations financières favorisant les partenariats inclusifs.

      Ces mesures ouvrent la voie à de nouvelles opportunités économiques et sociales, tout en facilitant l’intégration professionnelle des personnes vulnérables grâce à la formation et à l’emploi adapté.

      L’appui européen aux recommandations numériques : les Transition Pathways

      Au cœur de la mise en œuvre de ces recommandations se trouvent les Transition Pathways, un cadre stratégique conçu pour accélérer la transition numérique de l’économie sociale.
      Ce processus collaboratif, développé avec le Social Good Accelerator et des centaines d’acteurs européens, définit les étapes clés pour accompagner le changement.

      Les Transition Pathways offrent :

      • une méthodologie inclusive et coopérative,

      • une feuille de route claire pour la transformation numérique,

      • et des mesures adaptées pour garantir un avenir numérique durable et équitable.

      Cet outil constitue désormais un levier central des politiques européennes en matière d’économie sociale et de transition digitale.

      Les impacts attendus de ces recommandations

      Ces propositions sont actuellement discutées par le Conseil de l’Union européenne, en vue d’un accord politique commun.
      Une fois adoptées, les États membres auront 18 mois pour adapter ou créer leur stratégie nationale de l’économie sociale, intégrant ces priorités numériques.

      La Commission assurera ensuite un suivi régulier de leur mise en œuvre, en lien avec le Comité de l’emploi et le Comité de la protection sociale, afin de mesurer les effets concrets et d’ajuster les politiques selon les besoins observés.

      Ces recommandations marquent une étape majeure pour faire de l’économie sociale un moteur de la transition numérique européenne, fondée sur l’inclusion, la durabilité et la coopération.

      AI development in the social economy: technology at the service of social impact?

      Le développement de l'IA dans l'économie sociale : la technologie au service de l'impact ?

      Le développement de l'IA dans l'économie sociale : la technologie au service de l'impact social

      L’intelligence artificielle (IA) est en plein boom. Avec l’arrivée de ChatGPT, une centaine d’experts demandent par une lettre ouverte du 28 mars 2023de faire une pause dans le développement de l’intelligence artificielle afin de prendre le temps de considérer ses aspects éthiques. Notre article précédent a montré que dans des secteurs technologiques en tension comme celui de l’intelligence artificielle la nature non profit des organisations ne suffit plus pour s’assurer des valeurs défendues par ces dernières.. C’est en partie pour ces raisons que les organisations de l’économie sociale se méfient généralement du développement de ces nouvelles technologies. Pourtant comme nous allons le voir, le développement des IA dans l’économie sociale pourrait mettre la technologie au service de l'impact social.

      Avant de s’intéresser à leurs usages, il est pertinent de rappeler ce que sont les IA et la manière dont elles fonctionnent. Au sens strict du terme, une IA est un ensemble de techniques qui permettent aux machines de simuler certaines caractéristiques de l'intelligence humaine.Dans le cas de Chat GPT, le logiciel base son fonctionnement sur un système dit neuronal GPT Generative Pre-Trained Transformer. Il s’agit d’un modèle d’apprentissage automatique qui analyse et décode le texte d’entrée pour fournir une réponse à l’utilisateur en partant d’un vaste corpus de données. Le logiciel génère des réponses en se basant sur des modèles statistiques et des associations de mots plutôt que sur une compréhension réelle du contenu. Bien que pouvant y ressembler dans certains secteurs et avec certains entraînements spécifiques, les experts ne sont pas unanimes pour décrire les logiciels circulant actuellement comme des intelligences artificielles avec une capacité de raisonnement.

      A travers cet article, nous proposons d'explorer les possibilités et les usages dans l'économie sociale de ces logiciels développés avec des technologies d'apprentissage et qui tendent à s'approcher d'une intelligence artificielle.

       

      Source : https://dataro.io/2021/03/09/artificial-intelligence-for-nonprofits/#use

      Il s’agit en rouge du démarchage classique non ciblé, en vert le ciblage classique et en bleu le ciblage réalisé grâce à des algorithmes. L’intelligence artificielle permet d’améliorer l'efficacité des campagnes d’appels aux dons en identifiant les profils de donateurs et en orientant au mieux les envois de mail. C’est donc un gain d'efficacité, de rentabilité mais également un argument écologique en réduisant le nombre de mails donc l’impact carbone d’une campagne.


      L’intelligence artificielle permettrait donc de toucher plus efficacement certains contributeurs. Il faut pour autant émettre certaines réserves quant à la déployabilité de l’outil à grande échelle et à sa réelle efficacité. Il est difficile d’être catégorique sur l'efficacité de ces techniques, le manque de données open source en rend l’exploitation difficile et assez peu fiable.

      La mesure d'impact améliorée par l'analyse des sentiments par l'intelligence artificielle

      L'objectif principal des organisations de l'économie sociale est de créer de la valeur sociale, mais celle-ci est difficile à quantifier en raison de la complexité des impacts produits par ce secteur. Il s'agit d'un processus complexe et coûteux, tant sur le plan économique qu'en termes de ressources humaines, qui est pour autant au cœur de l'amélioration et de l'innovation du secteur de l'économie sociale.

      L'analyse d'impact permet d'améliorer leurs pratiques et de mieux communiquer leur impact à leurs parties prenantes.Il s’agit d’un enjeu qui est au cœur de l’utilisation et du développement des intelligence artificielle. Ces outils permettent déjà à travers des analyses de grande échelle d'analyser les sentiments exprimés par des parties prenantes. En utilisant les données collectées sur les réseaux sociaux par exemple, cela permettrait de dégager des tendances sur l'impact des programmes, services ou efforts de collecte de fonds mais également de la manière dont ils sont perçus dans la population.

      Le développement d’une intelligence artificielle spécifiquement conçue dans le but d' analyser le ressenti d’un échantillon de la population vis à vis d’une action. pourrait être une solution aux difficultés rencontrées par les acteurs de l'économie sociale sur ce sujet.

      Le développement de l'IA dans l'ESS : l'avis interne d'un expert

      Nous avons eu la chance d’échanger avec un expert national en data science et intelligence artificielle travaillant pour une grande mutuelle. Développant lui-même des outils d’intelligence artificielle, il nous a offert un aperçu interne de l’état actuel du développement de ces technologies dans l’économie sociale. Il a clairement constaté des progrès récents dans un secteur qu’il définit tout de même comme “difficile à faire bouger”. Pour lui, les entreprises de l'économie sociale et solidaire (économie sociale) ont du mal à avancer dans l'adoption de la data science et de l'intelligence artificielle notamment à cause de la vision négative dont souffrent ces domaines.

      « Pendant longtemps les sujets de l’intelligence artificielle dans l’ESS ont été sous-considérés et perçus comme réservés aux “geeks." »

      L’économie sociale connaît également des obstacles au niveau de la collecte de données. En effet selon notre expert les principales difficultés rencontrées par les acteurs de l'économie sociale se trouvent dans la mise en place de processus de collecte de données et la délivrance des résultats et prédictions. Dans le domaine mutualiste, la gestion des risques se ferait principalement à partir de l'expérience métier, il est donc difficile de changer les méthodologies pour mettre en place des outils performants et automatisés.

      Malgré ces obstacles, l'intelligence artificielle peut apporter de nombreux avantages dans le secteur de l'économie sociale. Les outils développés par la mutuelle pour laquelle travaille notre expert permettent d'optimiser la relation client en comprenant mieux les motifs de contact, en triant les mails et les documents papiers numérisés, et en automatisant les demandes courantes. Ces outils peuvent également détecter plus facilement les fraudes et ainsi améliorer l'efficacité et la rentabilité de l'entreprise.

      « Les résultats de ces investissements menés durant la dernière décennie sont déjà palpables, on remarque des gains de temps et des améliorations significatives de la relation client. »

      Conclusion

      En conclusion, l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le secteur de l'économie sociale est un sujet qui soulève des questions éthiques importantes, notamment en termes de collecte et d'utilisation des données. Cependant, l'intelligence artificielle peut offrir des opportunités d'améliorer l'efficacité et la durabilité des campagnes de collecte de fonds, ainsi que de mesurer l'impact des actions entreprises. Si la littérature en France sur ce sujet est limitée, des entreprises et des experts travaillent déjà sur des solutions d'intelligence artificielle spécifiquement conçues pour ce secteur.

      Convaincu par cette utilité, le Dr. Lobna Karoui, membre du conseil de Forbes et avocate spécialisée dans l’éthique des intelligences artificielles a a donné un aperçu des applications de l'intelligence artificielle dans le secteur de l'économie sociale.Que ce soit pour collecter des fonds, améliorer l'efficacité de leurs mesures ou mieux connaître les besoins des bénéficiaires, pour elle l’intelligence artificielle est un atout pour les organisations. Pour autant elle met en garde, les IA ne peuvent ni ne doivent remplacer les qualités humaines des acteurs de l'économie sociale.

      Le secteur évolue et nul doute qu’il se montrera à la hauteur des enjeux sociétaux soulevés par les intelligences artificielles. Il reste important de veiller à ce que ces outils soient développés de manière éthique et responsable, afin de préserver l'intégrité et les valeurs des organisations de l'économie sociale.

      Un article écrit par

      Léon Launay
      Chargé de Communauté, Communication et Affaires publiques
      leon(at)socialgoodaccelerator.eu
      Éthique et performance : le cas du développement de ChatGPT

      Éthique et performance : le cas du développement de ChatGPT

      Éthique et performance : le cas du développement de ChatGPT

      ChatGPT n’est pas seulement une révolution technologique : c’est aussi un cas d’école en matière de responsabilité sociale des entreprises.
      Conçu à l’origine comme un contre-modèle aux GAFAM au sein d’une organisation à but non lucratif, OpenAI, la société à l’origine de ChatGPT, a progressivement basculé vers un modèle capitaliste.

      L’affaire révélée par le magazine Time sur les conditions de travail des sous-traitants kenyans — employés par Samasource, une ancienne ONG devenue entreprise à but lucratif — a mis en lumière les paradoxes du modèle.
      Ces révélations posent une question de fond : les statuts “non lucratifs” servent-ils aujourd’hui de tremplin à des entreprises technologiques motivées par le profit plutôt que par l’intérêt général ?
      Retour sur un cas emblématique et les interrogations qu’il soulève.

      Bien que le secteur à but non lucratif se structure traditionnellement autour de valeurs de gouvernance démocratique, de transparence et d’éthique, certaines situations viennent interroger cette éthique de solidarité.
      Comme toute entreprise, les organisations à but non lucratif sont confrontées à des pressions économiques : baisse de revenus, difficultés de trésorerie, plans sociaux…
      Ces contraintes les obligent parfois à faire coexister éthique et performance, au risque que la recherche d’efficacité supplante progressivement la mission d’intérêt général.

      L’évolution d’OpenAI : du modèle non lucratif au statut à but lucratif limité

      Fondée en 2015 par Elon Musk et Sam Altman, OpenAI naît comme une organisation à but non lucratif.
      Son ambition initiale : développer une intelligence artificielle au service du bien commun, en opposition aux modèles de captation de données des géants du numérique.

      Mais en 2019, un an après le départ d’Elon Musk, la structure change de statut pour devenir une “limited-profit company”, un modèle hybride américain permettant d’accueillir des capitaux privés tout en plafonnant la rémunération des investisseurs.
      Malgré cette évolution, OpenAI continue d’affirmer que sa mission est de « développer une intelligence artificielle pour le bénéfice de toute l’humanité ».

      Jusqu’à la publication de l’enquête du Time en janvier 2023, l’entreprise cultivait une image d’éthique et de transparence fidèle à ses origines.
      Mais l’enquête révèle que pour résoudre les problèmes de toxicité linguistique dans ses modèles d’IA, OpenAI a eu recours à un prestataire basé au Kenya, où des travailleurs ont été exposés à des contenus violents et haineux pour un salaire dérisoire.

      Dans sa réponse officielle, la direction d’OpenAI affirme ne pas avoir eu connaissance des conditions de travail de ce sous-traitant.
      Cependant, l’affaire a profondément écorné son image de pionnier éthique de l’intelligence artificielle.

      De fortes pressions dans un secteur ultra-compétitif

      Ce scandale révèle le paradoxe entre compétitivité et éthique dans le secteur de l’intelligence artificielle.
      Pour rester dans la course face aux GAFAM, OpenAI s’est heurtée aux limites de ses engagements moraux.

      Le prestataire mis en cause travaille d’ailleurs pour la plupart des concurrents directs d’OpenAI, en raison de tarifs extrêmement compétitifs.
      Les géants comme Google, Meta ou Microsoft ont eux aussi recours à ces sous-traitants chargés de filtrer les données violentes ou haineuses, dans le cadre de l’entraînement de leurs modèles.

      OpenAI n’a donc pas inventé cette pratique : elle l’a reproduite pour survivre dans une industrie dominée par la logique de vitesse et de performance.
      Son évolution – du statut juridique à la recherche de fonds – l’a rendue de plus en plus semblable à ses concurrents, y compris dans ses méthodes.

      La principale critique adressée à OpenAI tient à l’incohérence entre son discours et ses pratiques.
      L’entreprise s’était imposée mondialement grâce à un positionnement moral fort. Lorsque la réalité de son fonctionnement a été dévoilée, une partie du public s’est sentie trahie.

      Mais il serait injuste de généraliser ce cas à l’ensemble du secteur non lucratif ou à celui de l’IA.
      Le développement de l’intelligence artificielle reste une opportunité majeure pour la Social Tech, qui pourra s’appuyer sur ces outils pour produire des innovations éthiques, responsables et utiles au bien commun.

      Quelle est la position de ChatGPT lui-même ?

      Pour clore l’analyse, ChatGPT a été interrogé sur le dilemme éthique auquel ses créateurs ont été confrontés : productivité ou éthique ?
      Sa réponse est sans équivoque :

      « Les entreprises qui se revendiquent d’un modèle éthique ou à but non lucratif ont une responsabilité envers le public et le reste du secteur. La transparence et la redevabilité sont des conditions essentielles de la confiance. »

      Une position lucide, bien éloignée des ambitions financières actuelles d’OpenAI, qui prévoit désormais d’atteindre 1 milliard de dollars de revenus d’ici 2024 — un objectif qui s’éloigne sensiblement de son intention initiale : créer une intelligence artificielle au service de l’humanité.

      Compétences numériques : comment mieux les promouvoir par l’éducation ?

      Compétences numériques : comment mieux les promouvoir par l’éducation ?

      Compétences numériques : comment mieux les promouvoir par l’éducation ?

      Le 16 septembre 2022, le Social Good Accelerator (SOGA) a répondu à la consultation européenne sur l’amélioration de l’enseignement des compétences numériques.

      Cette consultation posait une question centrale :

      Quelles actions mettre en place pour développer les compétences numériques dès le plus jeune âge et à toutes les étapes de la formation ?

      Contexte : un enjeu stratégique pour l’Europe

      Bien avant la crise du COVID-19, le besoin de renforcer les compétences numériques de tous était déjà manifeste.
      Aujourd’hui encore, les niveaux de maîtrise du numérique restent inégaux, marqués par des écarts de genre, d’origine socio-économique et de territoire.
      La pandémie n’a fait qu’accroître cette demande de compétences, rendant urgente la mise en place de stratégies éducatives adaptées.

      Cette consultation s’inscrit dans le cadre du Plan d’action pour l’éducation numérique 2021-2027, dont la première priorité stratégique est de garantir une éducation et une formation numériques accessibles, de qualité et inclusives.

      Le SOGA, engagé pour une transition numérique éthique et solidaire, y a formulé plusieurs recommandations concrètes destinées à développer les compétences numériques à tous les stades du parcours éducatif.

      Un manque de formations numériques transversales et adaptées dans l’enseignement supérieur

      Le premier constat du SOGA concerne la pénurie et l’uniformité des talents.
      Les cursus universitaires abordent encore trop peu les questions de culture numérique, de conception responsable ou d’usage critique des technologies.
      Les formations en sciences humaines, droit ou art — pourtant cruciales pour comprendre les impacts du numérique — restent insuffisamment connectées à l’innovation technologique.

      Recommandations proposées :

      • Créer des programmes de découverte et d’immersion dans des startup studios pour les étudiants en sciences humaines, droit ou arts.

      • Soutenir les partenariats entre universités, écoles informatiques et PME locales.

      • Encourager le partage de ressources et d’espaces (outils, fablabs, médias, plateformes).

      • Développer des consortia d’apprentissage pair-à-pair à l’échelle européenne entre étudiants en technologie et étudiants d’autres disciplines.

      • Accroître la numérisation du secteur de l’économie sociale, en favorisant un marché du travail numérique inclusif doté de formations dédiées.

      Une éducation et une formation numériques accessibles, de qualité et inclusives est la première priorité stratégique du plan d’action en matière d’éducation numérique 2021-2027. Crédit photo : Commission européenne.

      Des compétences rares, chères, et concentrées dans les entreprises les plus riches

      Dans le secteur du numérique d’intérêt général, les structures de l’économie sociale font face à une double difficulté :
      un manque de moyens financiers pour attirer les talents et une guerre des compétences qui profite surtout aux grandes entreprises.
      L’Union européenne estime qu’il faudra 20 millions de professionnels du numérique d’ici 2030 pour répondre aux besoins du marché.

      En parallèle, les services numériques d’intérêt général nécessitent des compétences spécifiques en matière de conception inclusive, d’accessibilité, de gouvernance des données et de développement éthique — encore trop peu enseignées dans les formations initiales et continues.

      Recommandations proposées :

      • Développer des partenariats entre étudiants et publics éloignés du numérique, afin de promouvoir une littératie numérique universelle et inclusive.
      • Évaluer les écarts de compétences numériques des acteurs de l’économie sociale.
      • Concevoir des parcours de formation ciblés au sein des organisations de l’ESS.
      • Diffuser et mutualiser les résultats de recherche liant transition numérique et économie sociale pour faciliter la réplication d’initiatives réussies.
      • Multiplier les formations aux outils no-code, qui permettent de créer des sites, applications ou automatisations sans maîtriser le code informatique.

      Les outils no-code ouvrent de nouvelles perspectives : ils rendent le développement numérique plus accessible, tout en favorisant une structuration de la pensée digitale et une meilleure gestion des données.

      Vers une éducation numérique ouverte, accessible et inclusive

      Promouvoir les compétences numériques ne se limite pas à l’acquisition de savoir-faire techniques : c’est un enjeu de citoyenneté et d’inclusion.
      Le SOGA appelle à une politique européenne ambitieuse pour que chaque citoyen, quel que soit son parcours, puisse comprendre, utiliser et maîtriser les outils numériques.
      C’est à cette condition que la transition digitale deviendra une transition sociale et démocratique, portée par les valeurs de l’économie sociale et solidaire.

      FAQ — Promouvoir les compétences numériques par l’éducation

      Qu’entend-on par “compétences numériques” ?

      Les compétences numériques regroupent l’ensemble des savoirs, savoir-faire et attitudes permettant d’utiliser efficacement les technologies numériques.
      Elles vont de la maîtrise des outils de base (bureautique, navigation, messagerie) à des compétences plus avancées en sécurité des données, création numérique, analyse de données ou programmation.

      Pourquoi est-il essentiel de développer les compétences numériques dès l’école ?

      Il est important de développer les compétences numériques dès l’école, car le numérique structure désormais tous les aspects de la vie quotidienne et professionnelle.
      Les former dès le plus jeune âge permet de réduire la fracture numérique, de favoriser l’égalité des chances, et de préparer les citoyens à une société de plus en plus digitalisée.

      Quels sont les principaux freins à l’enseignement du numérique en Europe ?

      Les freins identifiés par le SOGA sont :

      • le manque de formations transversales adaptées dans l’enseignement supérieur,

      • la pénurie d’enseignants formés,

      • les inégalités territoriales et sociales d’accès au matériel et à la connexion,

      • et la difficulté à relier les compétences numériques aux valeurs sociales et environnementales.

      Comment l’économie sociale et solidaire (ESS) peut-elle contribuer à la formation numérique ?

      Les organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) jouent un rôle essentiel dans la formation des publics éloignés du numérique.
      Elles expérimentent des modèles inclusifs, mutualisent les ressources et proposent des formations accessibles et ancrées dans les réalités locales — une approche complémentaire à celle du système éducatif classique.

      Quelles actions le Social Good Accelerator mène-t-il dans le domaine de l'ESS numérique ?

      Le SOGA agit à travers plusieurs projets européens, dont :

      • la Social Tech Academy, qui forme aux métiers numériques de la Social Tech ;

      • et le projet Social_tEchSS, qui crée des référentiels de compétences numériques de base pour les professionnels de l’économie sociale.
        Ces initiatives visent à faire du numérique un levier d’inclusion et d’émancipation, et non une source d’exclusion.

      Comment puis-je participer ou soutenir ces initiatives ?

      Vous pouvez :