Data of general interest: towards a public partnership with Social Economy

Données d'intérêt général : vers un partenariat public commun avec l'ESS ?

Données d'intérêt général : 

vers un partenariat public commun avec l'ESS ?

Le 8 novembre 2023 marque le début du NEC ESS Europe, l’événement de rassemblement de l’ESS numérique en France et en Europe organisé par le SOGA. Son objectif ? Faire connaître et accélérer l’ESS numérique. Cet événement s’ancre dans la démarche Numérique en commun[s] de l’ANCT et est co-financée par le Crédit Coopératif. Rassemblant plus de 200 personnes et plus de 80 intervenants, le NEC ESS Europe a été le catalyseur de discussions passionnantes. Nous vous proposons un compte-rendu des échanges de la conférence "Données d'intérêt général : vers un partenariat publics communs avec l'ESS ?" qui s’est déroulée à Paris.

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Cette conférence a rassemblé des personnalités éminentes telles que Jacques François Marchandise (Exploranum), Emmanuel Porte (INJEP), Vincent Bachelet (Inno3), Rémy Gerbet (Wikimedia France), et Madame la Députée Mireille Clapot (CNSP). Ensemble, ils ont exploré les défis et les opportunités de l'utilisation des données dans l'économie sociale et solidaire (ESS) numérique, un sujet de plus en plus prépondérant à l'ère du numérique.

Plaider en faveur d'une transition numérique inclusive

Jacques François Marchandise a lancé les discussions en mettant l'accent sur la transition numérique inclusive. Il a souligné la nécessité de démanteler les barrières entre les domaines professionnels. Jacques François Marchandise a illustré son propos par le rôle transformateur de la médiation numérique dans différents secteurs. Selon lui, c'est la clé d'une intégration réussie de la technologie numérique dans toutes les sphères de la société.

La culture de la donnée dans les associations

Emmanuel Porte a pris la parole pour approfondir le sujet de la culture de la donnée au sein des associations. Emmanuel Porte a remis en cause la vision des données comme une contrainte, notamment dans le cadre du RGPD, en les positionnant plutôt comme un outil de coopération territoriale. Emmanuel Porte a souligné l'importance de la perception et de l'utilisation des données dans la formation professionnelle et le renforcement des capacités des associations. Emmanuel Porte a fait référence aux Cahiers de l’action (n°60) “Les associations au défi des données numériques”.

Exploration de l'utilisation des données dans les communautés numériques

Vincent Bachelet a ensuite orienté la discussion vers l'utilisation des données dans les biens communs numériques. Vincent Bachelet s'est interrogé sur les différentes méthodes permettant d'utiliser efficacement les données collectives, tout en respectant les principes des biens communs numériques. Les réflexions de Vincent Bachelet ont ouvert de nouvelles perspectives sur la valorisation éthique et collaborative des données.

Collaboration dans la diffusion des données

Rémy Gerbet a souligné le rôle critique de la collaboration dans la diffusion des données d'intérêt général. Rémy Gerbet a présenté la collaboration entre l'OMS et le mouvement Wikimedia pendant la pandémie COVID-19 comme un cas exemplaire. Cette collaboration a démontré comment le partage rapide d'informations validées peut avoir un impact global significatif.

Un cadre juridique pour les communs numériques

Mireille Clapot, membre du Parlement européen, a conclu la série d'entretiens. Mireille Clapot a souligné la nécessité de disposer de cadres juridiques adaptés aux biens communs numériques d'intérêt général. Mireille Clapot a plaidé en faveur d'une définition juridique claire des biens communs numériques et de l'adaptation des cadres juridiques et fiscaux. Elle a fait référence à l'avis de la CSNP sur les communs numériques, dirigé par Jeanne Bretécher (Présidente du SOGA), qui offre un aperçu des défis et des solutions pour le développement des biens communs numériques.

Conclusion 

Cette conférence a brillamment mis en lumière la complexité et l'importance de la gestion des données dans l'économie sociale numérique. Vous pouvez regarder le replay de la conférence sur la chaîne Youtube du SOGA.

Si vous êtes intéressé par ces sujets, rejoignez le SOGA pour nous soutenir et développer une économie sociale numérique européenne forte.

 

Un article écrit par

Justine Coopman
Communication and Public Affairs Manager
justine(at)socialgoodaccelerator.eu
Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie

Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie

Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie européennes

Le 17 novembre 2023 marquait la clôture de NEC ESS Europe. Cet événement, organisé par le Social Good Accelerator (SOGA), s’inscrivait dans le cadre de l’initiative Numérique en commun[s] de l’ANCT. Il a été cofinancé par le Crédit Coopératif.

L’objectif était clair : accélérer la transition numérique de l’économie sociale et solidaire. Pendant deux jours, plus de 200 participants et 80 intervenants se sont réunis. Ainsi, NEC ESS Europe est devenu un catalyseur de débats riches et constructifs.

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Avec plus de 200 participants et 80 intervenants, NEC ESS Europe a été un catalyseur de discussions passionnantes. Parmi les temps forts, la conférence organisée au Comité économique et social européen (CESE), intitulée :
« Construire une Europe numérique pour le bien commun : l’économie sociale numérique, une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie ».

L’économie sociale numérique, moteur de démocratie

La première session a mis en lumière le rôle de la Social Tech comme levier démocratique. Elle a notamment insisté sur la Civic Tech et les données citoyennes.

  • Gabriela Martin (SOGA) a souligné la nécessité de créer des espaces numériques ouverts et inclusifs.

  • Julia Herriot (ANCT) a présenté la démarche Numérique en commun[s] et le programme Société numérique. Elle a rappelé les enjeux liés aux financements et aux données d’intérêt général.

  • Jeanne Bretécher (SOGA) a défendu la numérisation de l’ESS. Selon elle, elle peut soutenir la démocratie et renforcer les services sociaux.

  • Adrien Duguet (ACTE) a alerté sur les risques liés à la transparence et à la protection des données. Il a insisté : sans confiance, aucune participation démocratique durable n’est possible.

  • Hendrik Nahr (Make.org) a illustré l’impact de la Civic Tech. Il a cité la campagne EurHOPE, qui mobilise les jeunes Européens avant les élections de 2024.

Enfin, Giuseppe Guerini (CECOP – CESE) a plaidé pour une régulation européenne du numérique. Selon lui, elle doit protéger les citoyens tout en encourageant l’innovation.

Services numériques d’intérêt général et coopération

La seconde session a exploré les services numériques d’intérêt général et les partenariats public-privé. Ces derniers apparaissent comme des leviers essentiels pour la cohésion sociale et territoriale européenne.

  • Jeanne Bretécher (SOGA) a ouvert la discussion. Elle a rappelé que le “superpouvoir” de l’ESS reste la coopération.

  • Sara de Heusch (SEE) a insisté sur le rôle unique des coopératives, mutuelles, associations et fondations. Elles peuvent construire un numérique respectueux de la vie privée, durable et démocratique.

  • Patrick Klein (Commission européenne) a rappelé que la co-création est indispensable. Selon lui, elle conditionne le succès de la transition numérique européenne.

  • Denis Stokkink (Pour La Solidarité) a présenté le projet Social Tech Academy. Ce programme, porté par SOGA, Egina et Fundación Esplai, vise à développer les compétences numériques dans l’ESS.

  • Maxime Baduel (délégué interministériel à l’ESS) a insisté sur le rôle de l’État. Il a rappelé que la gestion responsable des données et la montée en compétences sont des priorités.

Ainsi, les intervenants ont confirmé que la transition numérique ne peut réussir qu’en associant les valeurs et les méthodes de l’économie sociale.

    Une Europe numérique plus juste et plus démocratique

    En conclusion, les intervenants ont affirmé que l’avenir numérique de l’Europe ne peut être uniquement marchand. Pour être durable, il doit s’appuyer sur les valeurs de l’économie sociale et solidaire : coopération, justice sociale, respect de l’environnement et démocratie participative.

    👉 Le replay de la conférence est disponible sur la chaîne YouTube du Social Good Accelerator.
    👉 Pour contribuer à ce mouvement et soutenir le développement d’une économie sociale numérique européenne, rejoignez la communauté SOGA.

      Boost Social Economy with digital: Recommendations from the European Commission

      Stimuler l'économie sociale grâce au numérique : les recommandations de la Commission européenne

      Stimuler l'économie sociale grâce au numérique :

      les recommandations de la Commission européenne

      Avec l'essor du numérique dans notre société, il est devenu impératif d'assurer l'adaptation de l'économie sociale à cette évolution majeure. Loin de privilégier la recherche incessante du profit, l'économie sociale occupe une place prépondérante en se concentrant sur les personnes et les enjeux sociaux et environnementaux. Pour permettre à ce secteur dynamique de s'épanouir pleinement, la Commission européenne a élaboré un plan d'action ambitieux pour l'économie sociale en décembre 2021. Au cœur de ce plan, une recommandation du Conseil vise à développer les conditions-cadres nécessaires à l'épanouissement de l'économie sociale. Dans cette perspective, notre analyse se concentre sur une recommandation publiée le 13 juin, en mettant l'accent sur les propositions numériques clés visant à promouvoir le développement de l'économie sociale en Europe. Quelles sont donc ces mesures innovantes qui ouvrent de nouvelles perspectives pour l'économie sociale à l'ère du numérique ?

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      Renforcer les compétences numériques dans l'économie sociale

      Pour réussir les transitions numérique et écologique, il est essentiel de renforcer les compétences numériques au sein de l'économie sociale. La Commission encourage donc les États membres à soutenir la formation et le développement des compétences en favorisant les échanges d'apprentissage. Cette approche vise à améliorer la gestion, l'esprit d'entreprise et les compétences numériques nécessaires pour naviguer avec succès dans cet environnement en constante évolution.

      Par exemple, notre projet Social Tech Academy, vise à créer un programme de référence pour le développement, la diffusion et le partage de compétences numériques adaptées à l'économie sociale. Nous avons conçu la Social Tech Academy comme un programme d'éducation et d'alphabétisation numérique pour permettre aux acteurs de l'économie sociale et à leurs bénéficiaires, y compris les demandeurs d'emploi et les jeunes, d'opérer leur transition numérique. Ce programme communautaire est open-source, démocratique et pratique, et vise à renforcer les acteurs de l'économie sociale et les personnes éloignées de l'emploi dans leur transition numérique et leur professionnalisation par le biais des professions numériques sociales ou Social Tech.

      Lier la politique industrielle à la transition numérique

      Pour promouvoir l'innovation sociale et le développement économique durable, il est important de prendre en compte les objectifs de l'économie sociale dans les politiques industrielles. Cela facilitera la transition vers une économie circulaire et numérique, où les acteurs économiques peuvent collaborer pour maximiser l'impact positif de l'économie sociale sur la société. En intégrant ces deux domaines, nous pouvons créer un véritable élan vers un avenir plus inclusif et durable.

      Il est également important de prendre en compte les avantages de l'économie sociale, tels que la création d'emplois durables, la promotion de l'entrepreneuriat social et la réduction des inégalités sociales. En intégrant ces avantages dans les politiques industrielles et en facilitant la transition vers une économie circulaire et numérique, nous pouvons contribuer à créer un avenir plus juste et plus durable pour tous.

      Enfin, il est important de souligner que l'intégration des objectifs de l'économie sociale dans les politiques industrielles ne doit pas être considérée comme une fin en soi, mais plutôt comme une étape cruciale vers un avenir plus inclusif et durable. En travaillant ensemble pour maximiser l'impact positif de l'économie sociale sur la société, nous pouvons créer un mouvement vers un avenir plus durable et plus juste pour tous.

      Encourager le développement d'initiatives communautaires

      La Commission européenne encourage activement le développement d'initiatives communautaires dans le cadre de l'économie sociale. Ces initiatives peuvent prendre la forme de communautés énergétiques, de solutions de mobilité partagée, de plateformes coopératives numériques, de coopératives agricoles et de chaînes d'approvisionnement alimentaire locales. Ces initiatives permettent aux citoyens d'accéder aux produits et services locaux, renforçant ainsi la cohésion sociale et territoriale.

      Conformément à cette idée d'encourager la communauté et l'échange, la Commission a annoncé l'ouverture du portail de l'économie sociale. Il s'agit d'un guichet unique qui fournit aux organisations de l'économie sociale des informations sur les financements de l'UE, les possibilités de formation, les événements et les informations spécifiques à chaque pays.

      Renforcer l'accès aux outils numériques et aux technologies émergentes

      Pour prospérer dans un environnement numérique en constante évolution, il est impératif d'améliorer l'accès aux outils numériques et aux technologies émergentes pour les entités de l'économie sociale. L'utilisation de l'open source, du big data et de l'intelligence artificielle est essentielle pour améliorer l'efficacité, la productivité et l'impact social des entités de l'économie sociale. En encourageant cette transition numérique, nous ouvrons de nouvelles opportunités pour le secteur social et renforçons son rôle dans la société.

      Par exemple, l'organisation TechSoup fournit des licences de logiciels aux organisations à but non lucratif dans plusieurs pays européens, leur permettant d'accéder à des outils numériques de pointe afin d'améliorer leur efficacité et leur impact social.

      Débloquer l'accès aux marchés et à la commande publique

      La Commission européenne encourage une collaboration étroite entre l'économie sociale et les entreprises traditionnelles, notamment par l'utilisation des nouvelles technologies pour accéder aux marchés privés. Cette collaboration permet d'étendre la portée des initiatives sociales et d'impliquer un public plus large, renforçant ainsi leur impact social et environnemental. Pour faciliter cette collaboration, il est important de mettre en place des mécanismes de soutien appropriés, tels que des formations spécialisées et des incitations financières.

      Ces mesures créent de nouvelles opportunités de croissance et d'emploi, en encourageant les entreprises à s'engager davantage dans des actions socialement responsables. En outre, cette coopération peut contribuer à une meilleure intégration des personnes les plus vulnérables sur le marché du travail en leur offrant des possibilités de formation et d'emploi adaptées à leurs besoins spécifiques.

      Le soutien de l'Union aux recommandations sur le numérique : Transition Pathways

      Au cœur de la mise en œuvre de ces recommandations numériques pour l'économie sociale, Transition Pathways joue un rôle central. Ce cadre stratégique fournit des orientations claires pour accélérer la transition numérique de l'économie sociale. Le processus de transition est complexe et comporte de multiples facettes, ce qui nécessite une réflexion approfondie et une collaboration étroite avec toutes les parties prenantes. Le Transition Pathways a été développé en collaboration avec le Social Good Accelerator et des centaines de parties prenantes afin de garantir une approche inclusive et adaptée.

      Le Transition Pathways est un outil essentiel pour guider la transition numérique de l'économie sociale. Il propose une approche inclusive et collaborative pour accélérer cette transition en identifiant des étapes clés et des mesures spécifiques pour assurer un avenir numérique inclusif et durable pour tous.

      Impacts de ces recommandations

      Ces propositions vont maintenant être discutées par le Conseil de l'UE - les représentants des États membres - dans le but de parvenir à un accord politique. Une fois la proposition adoptée, les États membres devront adopter ou mettre à jour leurs stratégies nationales pour l'économie sociale dans un délai de 18 mois.

      La Commission suivra ensuite la mise en œuvre de ces stratégies par des consultations régulières avec les États membres, par l'intermédiaire du comité de l'emploi et du comité de la protection sociale. Cette approche permettra d'évaluer les effets concrets de ces recommandations et d'ajuster les politiques en fonction des besoins et des résultats observés.

       

       

      Un article écrit par

      Justine Coopman
      Communication, Développement et Affaires publiques
      justine(at)socialgoodaccelerator.eu
      AI development in the social economy: technology at the service of social impact?

      Le développement de l'IA dans l'économie sociale : la technologie au service de l'impact ?

      Le développement de l'IA dans l'économie sociale : la technologie au service de l'impact social

      L’intelligence artificielle (IA) est en plein boom. Avec l’arrivée de ChatGPT, une centaine d’experts demandent par une lettre ouverte du 28 mars 2023de faire une pause dans le développement de l’intelligence artificielle afin de prendre le temps de considérer ses aspects éthiques. Notre article précédent a montré que dans des secteurs technologiques en tension comme celui de l’intelligence artificielle la nature non profit des organisations ne suffit plus pour s’assurer des valeurs défendues par ces dernières.. C’est en partie pour ces raisons que les organisations de l’économie sociale se méfient généralement du développement de ces nouvelles technologies. Pourtant comme nous allons le voir, le développement des IA dans l’économie sociale pourrait mettre la technologie au service de l'impact social.

      Avant de s’intéresser à leurs usages, il est pertinent de rappeler ce que sont les IA et la manière dont elles fonctionnent. Au sens strict du terme, une IA est un ensemble de techniques qui permettent aux machines de simuler certaines caractéristiques de l'intelligence humaine.Dans le cas de Chat GPT, le logiciel base son fonctionnement sur un système dit neuronal GPT Generative Pre-Trained Transformer. Il s’agit d’un modèle d’apprentissage automatique qui analyse et décode le texte d’entrée pour fournir une réponse à l’utilisateur en partant d’un vaste corpus de données. Le logiciel génère des réponses en se basant sur des modèles statistiques et des associations de mots plutôt que sur une compréhension réelle du contenu. Bien que pouvant y ressembler dans certains secteurs et avec certains entraînements spécifiques, les experts ne sont pas unanimes pour décrire les logiciels circulant actuellement comme des intelligences artificielles avec une capacité de raisonnement.

      A travers cet article, nous proposons d'explorer les possibilités et les usages dans l'économie sociale de ces logiciels développés avec des technologies d'apprentissage et qui tendent à s'approcher d'une intelligence artificielle.

       

      Source : https://dataro.io/2021/03/09/artificial-intelligence-for-nonprofits/#use

      Il s’agit en rouge du démarchage classique non ciblé, en vert le ciblage classique et en bleu le ciblage réalisé grâce à des algorithmes. L’intelligence artificielle permet d’améliorer l'efficacité des campagnes d’appels aux dons en identifiant les profils de donateurs et en orientant au mieux les envois de mail. C’est donc un gain d'efficacité, de rentabilité mais également un argument écologique en réduisant le nombre de mails donc l’impact carbone d’une campagne.


      L’intelligence artificielle permettrait donc de toucher plus efficacement certains contributeurs. Il faut pour autant émettre certaines réserves quant à la déployabilité de l’outil à grande échelle et à sa réelle efficacité. Il est difficile d’être catégorique sur l'efficacité de ces techniques, le manque de données open source en rend l’exploitation difficile et assez peu fiable.

      La mesure d'impact améliorée par l'analyse des sentiments par l'intelligence artificielle

      L'objectif principal des organisations de l'économie sociale est de créer de la valeur sociale, mais celle-ci est difficile à quantifier en raison de la complexité des impacts produits par ce secteur. Il s'agit d'un processus complexe et coûteux, tant sur le plan économique qu'en termes de ressources humaines, qui est pour autant au cœur de l'amélioration et de l'innovation du secteur de l'économie sociale.

      L'analyse d'impact permet d'améliorer leurs pratiques et de mieux communiquer leur impact à leurs parties prenantes.Il s’agit d’un enjeu qui est au cœur de l’utilisation et du développement des intelligence artificielle. Ces outils permettent déjà à travers des analyses de grande échelle d'analyser les sentiments exprimés par des parties prenantes. En utilisant les données collectées sur les réseaux sociaux par exemple, cela permettrait de dégager des tendances sur l'impact des programmes, services ou efforts de collecte de fonds mais également de la manière dont ils sont perçus dans la population.

      Le développement d’une intelligence artificielle spécifiquement conçue dans le but d' analyser le ressenti d’un échantillon de la population vis à vis d’une action. pourrait être une solution aux difficultés rencontrées par les acteurs de l'économie sociale sur ce sujet.

      Le développement de l'IA dans l'ESS : l'avis interne d'un expert

      Nous avons eu la chance d’échanger avec un expert national en data science et intelligence artificielle travaillant pour une grande mutuelle. Développant lui-même des outils d’intelligence artificielle, il nous a offert un aperçu interne de l’état actuel du développement de ces technologies dans l’économie sociale. Il a clairement constaté des progrès récents dans un secteur qu’il définit tout de même comme “difficile à faire bouger”. Pour lui, les entreprises de l'économie sociale et solidaire (économie sociale) ont du mal à avancer dans l'adoption de la data science et de l'intelligence artificielle notamment à cause de la vision négative dont souffrent ces domaines.

      « Pendant longtemps les sujets de l’intelligence artificielle dans l’ESS ont été sous-considérés et perçus comme réservés aux “geeks." »

      L’économie sociale connaît également des obstacles au niveau de la collecte de données. En effet selon notre expert les principales difficultés rencontrées par les acteurs de l'économie sociale se trouvent dans la mise en place de processus de collecte de données et la délivrance des résultats et prédictions. Dans le domaine mutualiste, la gestion des risques se ferait principalement à partir de l'expérience métier, il est donc difficile de changer les méthodologies pour mettre en place des outils performants et automatisés.

      Malgré ces obstacles, l'intelligence artificielle peut apporter de nombreux avantages dans le secteur de l'économie sociale. Les outils développés par la mutuelle pour laquelle travaille notre expert permettent d'optimiser la relation client en comprenant mieux les motifs de contact, en triant les mails et les documents papiers numérisés, et en automatisant les demandes courantes. Ces outils peuvent également détecter plus facilement les fraudes et ainsi améliorer l'efficacité et la rentabilité de l'entreprise.

      « Les résultats de ces investissements menés durant la dernière décennie sont déjà palpables, on remarque des gains de temps et des améliorations significatives de la relation client. »

      Conclusion

      En conclusion, l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le secteur de l'économie sociale est un sujet qui soulève des questions éthiques importantes, notamment en termes de collecte et d'utilisation des données. Cependant, l'intelligence artificielle peut offrir des opportunités d'améliorer l'efficacité et la durabilité des campagnes de collecte de fonds, ainsi que de mesurer l'impact des actions entreprises. Si la littérature en France sur ce sujet est limitée, des entreprises et des experts travaillent déjà sur des solutions d'intelligence artificielle spécifiquement conçues pour ce secteur.

      Convaincu par cette utilité, le Dr. Lobna Karoui, membre du conseil de Forbes et avocate spécialisée dans l’éthique des intelligences artificielles a a donné un aperçu des applications de l'intelligence artificielle dans le secteur de l'économie sociale.Que ce soit pour collecter des fonds, améliorer l'efficacité de leurs mesures ou mieux connaître les besoins des bénéficiaires, pour elle l’intelligence artificielle est un atout pour les organisations. Pour autant elle met en garde, les IA ne peuvent ni ne doivent remplacer les qualités humaines des acteurs de l'économie sociale.

      Le secteur évolue et nul doute qu’il se montrera à la hauteur des enjeux sociétaux soulevés par les intelligences artificielles. Il reste important de veiller à ce que ces outils soient développés de manière éthique et responsable, afin de préserver l'intégrité et les valeurs des organisations de l'économie sociale.

      Un article écrit par

      Léon Launay
      Chargé de Communauté, Communication et Affaires publiques
      leon(at)socialgoodaccelerator.eu
      The evolution of OpenIA with ChatGPT: is non-profit a guarantee of ethics?

      L'évolution d’OpenIA avec ChatGPT : le non lucratif est-il un gage d’éthique ?

      L'évolution d’OpenIA avec ChatGPT : le non lucratif est-il un gage d’éthique ?

      ChatGPT n'est pas seulement une révolution technologique, c'est aussi un cas d'étude en matière de responsabilité sociale des entreprises. Développé comme un contre-modèle aux GAFAM avec une organisation à but non lucratif, OpenAI, l'entreprise produisant le Chat GPT, s'est finalement transformée en un modèle capitaliste. En outre, le cas des travailleurs kenyans révélé par Time implique également Samasource, une ancienne ONG reconvertie en entreprise à but lucratif. Les révélations du Time soulèvent la question de savoir si les statuts d'organisations à but non lucratif ne servent pas de tremplin à des entreprises technologiques motivées par le profit plutôt que par l'intérêt public. Un regard sur cette affaire et les questions qu'elle soulève.

      Si le non-profit s’est structuré autour de modèles de gouvernance démocratique, de valeur en termes de transparence et d’éthique allant au-delà de celles de la majorité des secteurs, certaines situations peuvent remettre en question cette éthique de la solidarité. Comme toute entreprise marchande, les structures à but non lucratif peuvent être soumises à des contraintes. Difficultés économiques, baisse du chiffre d’affaires, licenciement économique, difficultés de trésorerie sont autant de menaces planant sur les structures à but non lucratif. Celles-ci sont donc amenées à faire coexister dans leurs objectifs l’éthique et la performance. Ces pressions ne peuvent-elles pas supplanter la mission d’intérêt général du secteur du non-profit ?

      L’évolution de OpenIA : du statut de non lucratif vers un statut à lucrativité limitée

      Problématique à laquelle a été confrontée l’entreprise OpenAI, principalement connue pour son outil ChatGPT. L’organisme a été fondé par Elon Musk et Sam Altman en 2015 comme une entreprise à but non lucratif. Le but était de "développer les intelligences artificielles pour le bien de tous", entrant ainsi rapidement en concurrence directe avec les GAFAM.

      Le statut de l’entreprise a changé en 2019 : un an après le départ d’Elon Musk, l’entreprise adopte un but lucratif plafonné pour attirer les investisseurs. Il s’agit d’un statut entrepreneuriat américain qui permet à une entreprise d’intégrer des financements privés tout en limitant les dividendes versables aux actionnaires. Malgré ce changement de statut, l’entreprise continue de se positionner comme agissant dans le bien commun, le site web affiche même que leur mission est : « de développer l’intelligence artificielle pour les bénéfices de toute l’humanité. ».

      Until the publication of a Time magazine study in early January, the company maintained an image of transparency and ethics faithful to its origins. To resolve the toxicity issues present in previous AIs at ChatGPT, the company used a subcontractor located in Kenya. The revelations of the investigation have undermined OpenAI’s apparent ethics, whether in terms of working conditions, remuneration or the massive exposure to toxic content and language. In the press release produced in response, OpenAI’s managers expliquent n’avoir pas eu connaissance des pratiques de leur prestataire.

      Des pressions fortes sur un secteur compétitif

      Cette affaire révèle les dessous de la lutte entre compétitivité et éthique. Dans un secteur ultra compétitif et massivement investi par les GAFAM, Open-AI s’est retrouvé confronté aux limites de ses engagements moraux. L’entreprise mandatée par Open-AI est en réalité employée par la majorité de ses concurrents, car proposant des prix extrêmement compétitifs. S’il est possible de reprocher à l’organisation une certaine rupture avec ses engagements initiaux, elle s’est en réalité comportée comme n’importe lequel de ses concurrents. Le recours à des sous-traitants pour trier les données haineuses est une méthode à laquelle ont recours les principaux concurrents d’OpenAI dans la course à l’IA. Des entreprises comme Google, Meta ou Microsoft ont également signé des contrats avec le même opérateur mis en cause ici et pour des tâches similaires. Au fur et à mesure de son développement, OpenAI ressemble en réalité de plus en plus à ses concurrents que ce soit via l’évolution de son statut, ou via ses pratiques en ayant recours à des levés de fond et à des prestataires bon marché.

      Ce qui est en réalité reproché à Open-AI est l’incohérence entre son positionnement médiatique et la réalité du fonctionnement de l’entreprise. Afficher un statut juridique et des engagements moraux particuliers a fait de l’entreprise un phénomène mondial. Quand la réalité derrière ce succès est révélée, nombre d’utilisateurs se sont sentis trompés par l’entreprise.

      Il ne faut pas pour autant généraliser le cas d’Open AI à l’ensemble des organisations et entreprises à but non lucratif ni même au secteur de l’IA. Ce dernier représente un réel atout pour les associations de la Social Tech qui dans un futur proche seront très probablement amenées à travailler avec des intelligences artificielles tel que ChatGPT. Rédaction d’articles, aides à la recherche et intégration dans les moteurs de recherches, les applications des IA dans le web seront multiples et intersectorielles. La Social Tech saura très certainement se saisir de ces opportunités pour développer des solutions éthiques avec de véritables impacts.

      Quel est l’avis de ChatGPT ?

      Quelques questions ont été posées à ChatGPT pour connaître son analyse sur le dilemme qu’ont connu ses créateurs, entre productivité et éthique. Et pour l’IA, le constat est clair : les entreprises affichant des volontés de non-profit et d’éthique ont une responsabilité vis-à-vis du public et du reste du secteur de l’ESS. La transparence et la responsabilisation des organisations à but non lucratif sont une nécessité absolue.
      N’ayant pas pris d’engagement particulier en réponse au scandale, OpenAI prévoit d’atteindre le milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2024. Cet objectif semble de plus en plus l’éloigner de sa volonté initiale, mais également des recommandations de son propre produit comme le prouve cette réponse fournie par ladite IA :

      Un article écrit par

      Léon Launay
      Chargé de Communauté, Communication et Affaires publiques
      leon(at)socialgoodaccelerator.eu
      Digital skills, how to promote them through education?

      Compétences numériques, comment les promouvoir à travers l’éducation ?

      Compétences numériques, comment les promouvoir à travers l’éducation ?

      Le 16 septembre 2022, le SOGA a répondu à la consultation  européenne sur l’amélioration de l’enseignement des compétences numériques.

      Le fil rouge de cette consultation, la question des actions requises pour promouvoir les compétences numériques dès le début et à tous les stades de l’éducation et de la formation.

      Contexte

      Bien avant la crise de la COVID-19, la nécessité de développer les compétences numériques de chacun était clairement démontrée. Les niveaux de compétences numériques demeurent faibles, la fracture numérique étant toujours bien marquée selon le genre, le milieu socio-économique et les zones urbaines/rurales. La crise de la COVID-19 a encore accru la demande pour ces compétences. La présente consultation européenne vise à définir les actions requises pour promouvoir les compétences numériques dès le début et à tous les stades de l’éducation et de la formation. Afin de développer les compétences numériques dès le début et à tous les stades de l’éducation et de la formation, le Social Good Accelerator recommande certaines actions.

       

      Un manque de formation au numérique transverse et adapté dans les parcours universitaires et une pénurie des talents 

      Le premier constat sur l’enseignement des compétences numériques est la pénurie et l’uniformation des talents faute de formation au numérique transverse et adapté dans les parcours universitaires.

      En particulier dans les parcours en sciences humaines, les enjeux de culture et de design numérique sont insuffisamment abordés alors que ces formations offrent des clés pour mieux comprendre la conception et les usages des outils et technologies numériques.

      Solutions proposées :

      • Créer des programmes de découverte et d’immersion en « Start up studio » pour les étudiants en sciences humaines, droit, art...
      • Soutenir les partenariats entre les Universités / les écoles d’informatique et les PME locales.
      • Développer les pratiques de partage et de mutualisation pour rendre accessible plus largement le développement des compétences numériques (mise en commun d’espaces, de supports, d’outils).
      • Promouvoir et participer à des consortiums d’apprentissage de pair à pair à l’échelle européenne entre étudiants en technologie et étudiant en parcours universitaire.
      • Augmenter le niveau de numérisation des entités du secteur de l’économie sociale en créant un marché du travail numérique inclusif avec des formations dédiées.

      Une éducation et une formation numériques accessibles, de qualité et inclusives est la première priorité stratégique du plan d’action en matière d’éducation numérique 2021-2027. Crédit photo : Commission européenne.

      Des compétences rares et chères qui bénéficient en priorité aux entreprises qui en ont les moyens

      Pour les opérateurs numériques orientés vers l’intérêt général (économie sociale numérique), le défi réside dans le manque de capacité à lever des fonds et dans la guerre des talents qui sévit dans l'économie numérique qui a besoin de 20 millions de nouveaux professionnels du numérique d'ici 2030 en Europe.

      Par ailleurs, les services numériques d'intérêt général nécessitent certaines spécificités en matière de conception, d'accessibilité, de mode de production et de partage des données et des algorithmes, de test et de diffusion des productions qui sont encore peu documentées et intégrées dans la formation initiale et continue.

      Solutions proposées :

      • Développer des partenariats entre les étudiants et les personnes éloignées des outils numériques. En effet, bien qu’il existe une éducation numérique dans les établissements d’enseignement, il est nécessaire d’atteindre ceux qui n’ont pas reçu cette éducation ou qui auront besoin d’une éducation supplémentaire à l’avenir. À cet égard, il convient de promouvoir l’éducation numérique pour tous les citoyens, afin de garantir que la transition numérique soit un processus inclusif qui ne laisse personne de côté. Pour ce faire, le développement des partenariats avec les organisations de l’économie sociale est primordiale en raison de la proximité entre ces organisations et les publics fragilisées. 
      • Évaluer les lacunes en matière de compétences numériques des acteurs de l’économie sociale.

      • Concevoir des parcours ciblés de renforcement des capacités et de formation dans les organisations de l’économie sociale.

      • Encourager la reproduction des actions entreprises dans le cadre des projets des organisations de l’économie sociale en diffusant largement les résultats des recherches et les analyses concernant le lien entre la transition numérique et l’économie sociale.

      • 
Multiplier et soutenir les formations aux outils « no code ». Ces outils permettent de réaliser des livrables numériques avancés et interactifs (sites web, applications web et mobile, automatisations, ...), de manière plus accessible, sans avoir à maîtriser le code informatique. Nous assistons actuellement à une croissance d’offres d’emploi sur des compétences techniques spécialisées en no-code (pour créer des sites web et des applications mobile notamment). Pour plusieurs usages, certains outils no-code peuvent s’avérer plus accessibles que des outils traditionnels, tout en ouvrant des possibilités plus puissantes, et en invitant à une pensée numérique (ainsi qu’à une gestion de l’information et des données) plus structurée. 

      Un article écrit par

      Social Good Accelerator