Internet éthique et souveraineté numérique en Europe

Internet éthique et souveraineté numérique en Europe

Les optimistes de l’internet auraient-ils survécu ?

Étaient-ils au Next Generation Internet Forum 2025 à Bruxelles les 19 et 20 juin ? Nous ne l’écartons pas. En effet, ce que nous retenons après cet événement, c’est que de nombreux projets et leurs porteur·euses œuvrent pour rendre le digital européen – si ce n’est pas ‘parfait’ – meilleur.

L’internet éthique et souveraineté numérique sont des enjeux majeurs pour l’Europe. Alors que la technologie évolue à un rythme rapide, il est crucial que l’Europe conserve son pouvoir sur son écosystème numérique. Cet article explore comment l’Open Internet Stack et les initiatives européennes œuvrent pour une IA éthique qui protège les droits des citoyens tout en favorisant une souveraineté numérique européenne.

Ainsi, ce constat vient après le #NGIForum25, un événement auquel l’équipe du Social Good Accelerator a assisté. Jeanne, Clarisse et Eline ont représenté l’organisation.

Le thème du forum était : “Building a European Internet Stack for European Digital Sovereignty” (Construire une Pile Internet Européenne pour la Souveraineté Digitale Européenne). Ce forum a permis de découvrir l’avancement des projets financés par l’initiative Next Generation Internet (NGI). De plus, ces présentations ont ouvert la voie à des discussions sur des sujets transversaux importants pour les porteur·euses de projets. Les débats ont abordé des sujets allant des challenges du design centré sur les utilisateurs aux moteurs de recherche, en passant par les besoins politiques et les plaidoyers.

L’initiative Next Generation Internet et la place de SOGA dans la souveraineté numérique européenne

La Commission Européenne a lancé le NGI pour soutenir la puissance numérique de l’Europe. Ce projet s’aligne parfaitement avec les sujets chers à SOGA. En effet, nous y avons croisé de nombreux partenaires. Parmi les 1 400 projets numériques soutenus par le NGI, nous avons trouvé des projets comme Open Food Facts, un commun numérique dont les valeurs s’accordent avec celles de l’initiative. Par ailleurs, nous avons aussi rencontré des projets européens comme Mastodon. Lors de l’événement, nous avons échangé avec des acteurs institutionnels tels que la Direction interministérielle du Numérique et la DG Connect.

La Commission Européenne souhaite construire un internet européen axé sur la confiance, la sécurité et l’inclusion. Cependant, ces projets posent la question de la souveraineté numérique européenne, un sujet central du forum.

Pourquoi faudrait-il une souveraineté digitale ?

Des événements récents, comme l’achat de Twitter par Elon Musk, ou le scandale Cambridge Analytica, illustrent bien cette problématique. Alexandra Geese, lors de son intervention au forum, rappelle que les données sont synonymes de pouvoir. “Data is the new oil“, (“Les données sont le nouveau pétrole”) dit-elle. Ainsi, ules instances européennes prennent conscience qu’il est temps de reprendre le pouvoir des données, pour les institutions locales et les citoyen·ne·s.

Un·e panéliste souligne que le web actuel est un compromis inégal. Nous obtenons des services digitaux en échange de nos données personnelles. Or, en tant qu’Européen·ne·s, nous sommes en train de perdre ce compromis. 

Les instances européennes prennent conscience qu’il est temps de reprendre le pouvoir des données, pour les institutions locales et les citoyen·ne·s.

Un·e panéliste fait remarquer que le web actuel repose sur un compromis inégal. En effet, nous échangeons nos données personnelles contre des services digitaux. Cependant, les Européen·ne·s sont en train de perdre ce compromis. Ce constat fait écho à celui rapporté dans l’avis de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes, rédigé par Jeanne Bretécher et intitulé “Communs numériques : vers un modèle souverain et durable” :

L’hégémonie des très grandes plateformes conduit les citoyens, les travailleurs indépendants, les petites et moyennes entreprises ainsi que les acteurs publics, à une situation de dépendance vis-à-vis de leurs produits et à la captation des données et de la valeur qu’ils créent. Cette asymétrie des rapports avec ces plateformes menace, à des degrés divers, la souveraineté de l’action publique.

La solution réside dans la souveraineté européenne. Il est donc nécessaire que les États et les instances de gouvernance régulent la gestion des données, la modération et l’utilisation des outils numériques sur leur territoire.

L’Open Internet Stack : oignon numérique

L’une des solutions proposées pour restaurer la souveraineté numérique est l’Open Internet Stack (OIS), ou Pile Internet Ouverte. Ainsi, pour illustrer ce concept, l’un·e des panélistes a utilisé l’image d’un oignon : internet est composé de plusieurs couches. Pour changer le web, il faut changer chaque couche.

De ce faur, l’objectif de l’OIS est de remplacer ces couches par des solutions open source, libres et interopérables. Ces solutions sont développées avec l’utilisateur·rice à l’esprit et un code éthique clair. Une fois l’oignon reconstruit, les utilisateurs auront plus de pouvoir sur leurs outils numériques. Ils n’auront plus à dépendre des solutions commerciales privées.

Thibaut Kleiner, directeur de la DG Connect, affirme que l’OIS représente une solution concrète pour transformer l’écosystème digital en un cyberespace libre, durable et interopérable.

Un internet ouvert, et européen

Les projets NGI présentés lors du forum démontrent la volonté de transformer nos usages du numérique. Ces projets prouvent aussi que des solutions existent déjà. De plus, les talents derrière ces initiatives sont prêts à relever le défi. L’objectif européen, présenté par Thibaut Kleiner, consiste à capitaliser sur les 1 400 projets NGI pour accélérer le déploiement de solutions ouvertes et viables. Cet objectif prend forme à travers le projet Eurostack.

À l’image de l’OIS, l’Eurostack propose des alternatives ouvertes à toutes les couches de l’internet. En somme, un oignon 100% européen, cultivé avec des matériaux locaux. Cela permettrait aux acteurs européens d’avoir un contrôle quasi absolu sur l’espace digital et de reprendre le pouvoir.

Cependant, cette solution souveraine soulève des enjeux. Un des leitmotivs du forum est l’importance des investissements. Que ce soit financier ou humain, l’Eurostack et l’OIS nécessitent des ressources pour se développer. Ils doivent se faire connaître et être viables sans capitaliser sur les données personnelles.

Un autre enjeu soulevé lors du forum est la nécessité d’un soutien politique. Cela inclut un plaidoyer fort, une résistance contre les lobbies des grandes plateformes, et des législations concrètes autour du Open Source. Par exemple, il serait essentiel de systématiser l’usage de solutions libres dans le secteur public.

La vision d’une Europe souveraine, ou d’une Europe autonome

Le terme “souveraineté” peut prêter à confusion. Certains panélistes rappellent que l’objectif n’est pas de cloisonner l’internet européen. Un·e participant·e propose l’alternative de l’autonomie stratégique européenne. L’objectif est de rééquilibrer les rapports de force sur les outils numériques. Thibaut Kleiner insiste sur le fait que la souveraineté n’est pas une question de protectionnisme, mais de prospection vers l’avenir et de valorisation des talents européens.

Œuvrer pour l’autonomie stratégique et les communs, à notre échelle

Cette vision de l’autonomie stratégique plutôt que de la souveraineté est partagée par d’autres acteurs, comme la Coop des Communs. L’association organise un événement à Paris le 1er juillet, intitulé “Pour une autonomie numérique fondée sur les communs”. SOGA interviendra lors de cet événement sur les communs numériques et le droit européen.

Que ce soit pour la souveraineté ou l’autonomie stratégique européenne, pour soutenir un numérique au service du bien, dans des événements comme le NGI Forum ou les rencontres de la Coop des Communs, c’est en soutenant le SOGA que vous pouvez participer à cette transformation.

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Podcast : Jeanne sur l’IA et l’économie sociale

Podcast : Jeanne sur l’IA et l’économie sociale

🎙️ Accélérer la transformation numérique de l’Économie Sociale et Solidaire : Jeanne Bretécher au micro du podcast Parlez-moi d’IA

Comment faire du numérique un levier au service de l’intérêt général ? Dans un épisode engagé du podcast Parlez-moi d’IA, Jeanne Bretécher, directrice du Social Good Accelerator, explore les liens entre transformation numérique de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), innovation sociale et technologies éthiques.

👉 Un échange essentiel pour toutes celles et ceux qui croient à un numérique au service du bien commun.

Enjeux clés : comment accompagner la transition numérique de l’ESS ?

Dans cet entretien, Jeanne revient sur les principaux défis rencontrés par les structures de l’ESS face à la révolution numérique :

  • L’inégalité d’accès aux compétences numériques,

  • La surreprésentation des logiques de marché dans les outils numériques dominants,

  • L’absence de soutien public structurant pour des modèles numériques alternatifs.

Elle défend une vision ancrée dans les valeurs de l’ESS : coopération, justice sociale, transparence, et souveraineté numérique.

Les Communs numériques comme boussole

Jeanne souligne l’importance des communs numériques dans la transition numérique ESS :
👉 mutualiser les ressources (outils, formations, données), renforcer l’autonomie des associations, créer de la valeur partagée.

Des exemples concrets sont évoqués : plateformes collaboratives, tiers-lieux numériques, solutions open source développées avec et pour les acteurs de terrain.

Le rôle du Social Good Accelerator

Le SOGA agit sur quatre leviers complémentaires :

1. Recherche sur les Communs

Pour cartographier les pratiques, identifier les freins et proposer des outils adaptés aux besoins du secteur.

2. Accompagnement collectif

Formations, ateliers, communautés d’entraide : un soutien concret pour développer les compétences numériques des structures ESS.

3. Plaidoyer

Le SOGA interpelle les décideurs européens pour intégrer les spécificités du secteur social dans les politiques numériques

4. Animation de la communauté

En ligne ou sur le terrain, le réseau SOGA accompagne les initiatives, valorise les pratiques et renforce la social tech européenne.

Pourquoi écouter ce podcast ?

Ce podcast est une invitation à :

  • Réfléchir autrement à la place du numérique dans nos sociétés,

  • Découvrir des projets inspirants portés par et pour l’ESS,

  • Comprendre comment agir, en tant qu’acteur·rice engagé·e, pour une transformation numérique inclusive.

🎧 Écoutez l’épisode complet sur YouTube

📄 Ou lisez la transcription complète ici

Écoutez l’interview complète ici :

Résumé de l’épisode :

Dans cet épisode riche et inspirant, Jeanne fait une intervention éclairée autour de trois thématiques centrales :

  • L’enjeu de la transformation numérique dans l’Économie Sociale et Solidaire (ESS)
    Jeanne décrypte comment le numérique peut à la fois représenter un risque d’acculturation et une opportunité inédite pour les structures ESS.

  • L’importance des communs et de la mutualisation
    Elle insiste sur la nécessité de développer des ressources partagées, tant techniques qu’humaines, pour renforcer l’autonomie des acteurs et promouvoir des solutions centrées sur des valeurs sociales.

  • La place du Social Good Accelerator
    Elle présente les quatre leviers de l’association – recherche sur les Communs, projets collectifs, plaidoyer, community management – et illustre leur impact concret sur les acteurs membres.

(Bonus) Jeanne illustre ses propos par des retours d’expériences et des exemples concrets montrant comment les structures tirer profit d’un accompagnement adapté.

Ce que vous allez apprendre

1. Pourquoi le numérique est-il un levier d’émancipation pour l’ESS ?

Jeanne explique comment les valeurs coopératives, la justice sociale et la démocratie peuvent être défendues dans l’espace numérique. Elle détaille aussi les freins à lever (ressources, compétences, gouvernance).

2. Quels modèles alternatifs existent déjà ?

Elle met en lumière des initiatives de tiers‑lieux, des plateformes co-conçues avec les usagers et des réseaux solidaires numériques. Des solutions innovantes qui bousculent les modèles traditionnels.

Aller plus loin : ressources pour les associations en transition numérique

Vous êtes une association en pleine réflexion sur vos outils ou pratiques numériques ? Découvrez notre sélection de projets, guides et formations.

📌 À lire aussi : IA : 3 cas d’usage de l’intelligence artificielle pour l’intérêt général

✨ En conclusion

Ce podcast est une ressource précieuse pour toute personne qui souhaite comprendre les enjeux de la transformation numérique de l’Économie Sociale et Solidaire, s’inspirer de solutions numériques éthiques et rejoindre une dynamique collective au service du bien commun.

Rejoignez-nous pour inventer un numérique qui respecte les valeurs de l’ESS !

Data of general interest: towards a public partnership with Social Economy

Données d'intérêt général : vers un partenariat public commun avec l'ESS ?

Données d'intérêt général : 

vers un partenariat public commun avec l'ESS ?

Le 8 novembre 2023 marque le début du NEC ESS Europe, l’événement de rassemblement de l’ESS numérique en France et en Europe organisé par le SOGA. Son objectif ? Faire connaître et accélérer l’ESS numérique. Cet événement s’ancre dans la démarche Numérique en commun[s] de l’ANCT et est co-financée par le Crédit Coopératif. Rassemblant plus de 200 personnes et plus de 80 intervenants, le NEC ESS Europe a été le catalyseur de discussions passionnantes. Nous vous proposons un compte-rendu des échanges de la conférence "Données d'intérêt général : vers un partenariat publics communs avec l'ESS ?" qui s’est déroulée à Paris.

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Cette conférence a rassemblé des personnalités éminentes telles que Jacques François Marchandise (Exploranum), Emmanuel Porte (INJEP), Vincent Bachelet (Inno3), Rémy Gerbet (Wikimedia France), et Madame la Députée Mireille Clapot (CNSP). Ensemble, ils ont exploré les défis et les opportunités de l'utilisation des données dans l'économie sociale et solidaire (ESS) numérique, un sujet de plus en plus prépondérant à l'ère du numérique.

Plaider en faveur d'une transition numérique inclusive

Jacques François Marchandise a lancé les discussions en mettant l'accent sur la transition numérique inclusive. Il a souligné la nécessité de démanteler les barrières entre les domaines professionnels. Jacques François Marchandise a illustré son propos par le rôle transformateur de la médiation numérique dans différents secteurs. Selon lui, c'est la clé d'une intégration réussie de la technologie numérique dans toutes les sphères de la société.

La culture de la donnée dans les associations

Emmanuel Porte a pris la parole pour approfondir le sujet de la culture de la donnée au sein des associations. Emmanuel Porte a remis en cause la vision des données comme une contrainte, notamment dans le cadre du RGPD, en les positionnant plutôt comme un outil de coopération territoriale. Emmanuel Porte a souligné l'importance de la perception et de l'utilisation des données dans la formation professionnelle et le renforcement des capacités des associations. Emmanuel Porte a fait référence aux Cahiers de l’action (n°60) “Les associations au défi des données numériques”.

Exploration de l'utilisation des données dans les communautés numériques

Vincent Bachelet a ensuite orienté la discussion vers l'utilisation des données dans les biens communs numériques. Vincent Bachelet s'est interrogé sur les différentes méthodes permettant d'utiliser efficacement les données collectives, tout en respectant les principes des biens communs numériques. Les réflexions de Vincent Bachelet ont ouvert de nouvelles perspectives sur la valorisation éthique et collaborative des données.

Collaboration dans la diffusion des données

Rémy Gerbet a souligné le rôle critique de la collaboration dans la diffusion des données d'intérêt général. Rémy Gerbet a présenté la collaboration entre l'OMS et le mouvement Wikimedia pendant la pandémie COVID-19 comme un cas exemplaire. Cette collaboration a démontré comment le partage rapide d'informations validées peut avoir un impact global significatif.

Un cadre juridique pour les communs numériques

Mireille Clapot, membre du Parlement européen, a conclu la série d'entretiens. Mireille Clapot a souligné la nécessité de disposer de cadres juridiques adaptés aux biens communs numériques d'intérêt général. Mireille Clapot a plaidé en faveur d'une définition juridique claire des biens communs numériques et de l'adaptation des cadres juridiques et fiscaux. Elle a fait référence à l'avis de la CSNP sur les communs numériques, dirigé par Jeanne Bretécher (Présidente du SOGA), qui offre un aperçu des défis et des solutions pour le développement des biens communs numériques.

Conclusion 

Cette conférence a brillamment mis en lumière la complexité et l'importance de la gestion des données dans l'économie sociale numérique. Vous pouvez regarder le replay de la conférence sur la chaîne Youtube du SOGA.

Si vous êtes intéressé par ces sujets, rejoignez le SOGA pour nous soutenir et développer une économie sociale numérique européenne forte.

 

Un article écrit par

Justine Coopman
Communication and Public Affairs Manager
justine(at)socialgoodaccelerator.eu
Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie

Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie

Économie sociale numérique : une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie européennes

Le 17 novembre 2023 marquait la clôture de NEC ESS Europe. Cet événement, organisé par le Social Good Accelerator (SOGA), s’inscrivait dans le cadre de l’initiative Numérique en commun[s] de l’ANCT. Il a été cofinancé par le Crédit Coopératif.

L’objectif était clair : accélérer la transition numérique de l’économie sociale et solidaire. Pendant deux jours, plus de 200 participants et 80 intervenants se sont réunis. Ainsi, NEC ESS Europe est devenu un catalyseur de débats riches et constructifs.

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Avec plus de 200 participants et 80 intervenants, NEC ESS Europe a été un catalyseur de discussions passionnantes. Parmi les temps forts, la conférence organisée au Comité économique et social européen (CESE), intitulée :
« Construire une Europe numérique pour le bien commun : l’économie sociale numérique, une opportunité pour la citoyenneté et la démocratie ».

L’économie sociale numérique, moteur de démocratie

La première session a mis en lumière le rôle de la Social Tech comme levier démocratique. Elle a notamment insisté sur la Civic Tech et les données citoyennes.

  • Gabriela Martin (SOGA) a souligné la nécessité de créer des espaces numériques ouverts et inclusifs.

  • Julia Herriot (ANCT) a présenté la démarche Numérique en commun[s] et le programme Société numérique. Elle a rappelé les enjeux liés aux financements et aux données d’intérêt général.

  • Jeanne Bretécher (SOGA) a défendu la numérisation de l’ESS. Selon elle, elle peut soutenir la démocratie et renforcer les services sociaux.

  • Adrien Duguet (ACTE) a alerté sur les risques liés à la transparence et à la protection des données. Il a insisté : sans confiance, aucune participation démocratique durable n’est possible.

  • Hendrik Nahr (Make.org) a illustré l’impact de la Civic Tech. Il a cité la campagne EurHOPE, qui mobilise les jeunes Européens avant les élections de 2024.

Enfin, Giuseppe Guerini (CECOP – CESE) a plaidé pour une régulation européenne du numérique. Selon lui, elle doit protéger les citoyens tout en encourageant l’innovation.

Services numériques d’intérêt général et coopération

La seconde session a exploré les services numériques d’intérêt général et les partenariats public-privé. Ces derniers apparaissent comme des leviers essentiels pour la cohésion sociale et territoriale européenne.

  • Jeanne Bretécher (SOGA) a ouvert la discussion. Elle a rappelé que le “superpouvoir” de l’ESS reste la coopération.

  • Sara de Heusch (SEE) a insisté sur le rôle unique des coopératives, mutuelles, associations et fondations. Elles peuvent construire un numérique respectueux de la vie privée, durable et démocratique.

  • Patrick Klein (Commission européenne) a rappelé que la co-création est indispensable. Selon lui, elle conditionne le succès de la transition numérique européenne.

  • Denis Stokkink (Pour La Solidarité) a présenté le projet Social Tech Academy. Ce programme, porté par SOGA, Egina et Fundación Esplai, vise à développer les compétences numériques dans l’ESS.

  • Maxime Baduel (délégué interministériel à l’ESS) a insisté sur le rôle de l’État. Il a rappelé que la gestion responsable des données et la montée en compétences sont des priorités.

Ainsi, les intervenants ont confirmé que la transition numérique ne peut réussir qu’en associant les valeurs et les méthodes de l’économie sociale.

    Une Europe numérique plus juste et plus démocratique

    En conclusion, les intervenants ont affirmé que l’avenir numérique de l’Europe ne peut être uniquement marchand. Pour être durable, il doit s’appuyer sur les valeurs de l’économie sociale et solidaire : coopération, justice sociale, respect de l’environnement et démocratie participative.

    👉 Le replay de la conférence est disponible sur la chaîne YouTube du Social Good Accelerator.
    👉 Pour contribuer à ce mouvement et soutenir le développement d’une économie sociale numérique européenne, rejoignez la communauté SOGA.

      Dynamiser l’économie sociale par le numérique

      Dynamiser l’économie sociale par le numérique

      Dynamiser l’économie sociale par le numérique : les recommandations de la Commission européenne

      Avec la montée en puissance du numérique dans nos sociétés, il devient impératif d’assurer l’adaptation de l’économie sociale à cette transformation majeure.
      Loin de la recherche effrénée du profit, l’économie sociale occupe une place essentielle en plaçant l’humain, les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de son action.

      Pour permettre à ce secteur dynamique de s’épanouir pleinement, la Commission européenne a présenté en décembre 2021 un plan d’action ambitieux pour l’économie sociale.
      Au cœur de ce plan figure une recommandation du Conseil, adoptée le 13 juin 2024, qui vise à créer les conditions-cadres nécessaires au développement de l’économie sociale en Europe.

      Notre analyse se concentre sur les propositions numériques clés de cette recommandation — des mesures innovantes qui ouvrent de nouvelles perspectives pour l’économie sociale à l’ère digitale.

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      Renforcer les compétences numériques dans l’économie sociale

      Pour réussir les transitions numérique et écologique, il est essentiel de développer les compétences numériques au sein de l’économie sociale.
      La Commission encourage les États membres à soutenir la formation, les échanges d’expériences et le développement de compétences managériales, entrepreneuriales et digitales adaptées à un environnement en constante évolution.

      Exemple concret : la Social Tech Academy.

      Le Social Good Accelerator pilote la Social Tech Academy, programme de référence pour la montée en compétences numériques des acteurs de l’économie sociale.
      Ouvert, collaboratif et accessible, ce programme vise à outiller les structures de l’ESS et leurs bénéficiaires — notamment les jeunes et les personnes éloignées de l’emploi — pour une transition numérique inclusive et professionnalisante vers les métiers du “Social Tech”.

      Relier politique industrielle et transition numérique

      Pour stimuler l’innovation sociale et un développement économique durable, il est crucial d’intégrer les objectifs de l’économie sociale dans les politiques industrielles.
      Cette articulation facilite la transition vers une économie circulaire et numérique, où les acteurs coopèrent pour maximiser l’impact social positif.

      L’intégration de ces objectifs favorise :

      • la création d’emplois durables,

      • la promotion de l’entrepreneuriat social,

      • et la réduction des inégalités.

      En combinant ces dynamiques dans les stratégies industrielles, l’Union européenne trace la voie d’un avenir plus inclusif et équitable, où performance économique et utilité sociale se renforcent mutuellement.

      Encourager le développement des initiatives communautaires

      La Commission européenne soutient activement le déploiement d’initiatives communautaires au sein de l’économie sociale.
      Celles-ci prennent la forme de :

      • communautés énergétiques,

      • solutions de mobilité partagée,

      • plateformes coopératives numériques,

      • coopératives agricoles et circuits courts alimentaires.

      Ces initiatives renforcent la cohésion sociale et territoriale en permettant aux citoyens d’accéder à des produits et services locaux tout en participant à des modèles économiques durables.

      Dans cette optique, la Commission a lancé le Portail européen de l’économie sociale et numérique : un guichet unique en ligne pour accéder à des informations sur les financements européens, formations, événements et opportunités par pays.

      Renforcer l’accès aux outils numériques et aux technologies émergentes

      Pour prospérer dans un environnement numérique en constante mutation, les structures de l’économie sociale doivent avoir accès à des outils technologiques avancés.
      L’usage de l’open source, du big data et de l’intelligence artificielle responsable permet d’améliorer l’efficacité, la productivité et l’impact social des organisations.

      Exemple inspirant : TechSoup fournit des licences logicielles à des milliers d’associations en Europe, leur permettant d’accéder à des outils numériques performants et abordables, renforçant ainsi leur capacité d’action sociale.

      Ouvrir l’accès aux marchés et à la commande publique

      La Commission européenne encourage une coopération accrue entre entreprises sociales et entreprises classiques, notamment via les technologies numériques qui facilitent l’accès aux marchés privés et publics.
      Cette collaboration permet d’amplifier la portée sociale et environnementale des initiatives de l’économie sociale.

      Pour accompagner cette dynamique, la Commission préconise :

      • des mécanismes de soutien spécifiques,

      • des formations dédiées à la commande publique responsable,

      • et des incitations financières favorisant les partenariats inclusifs.

      Ces mesures ouvrent la voie à de nouvelles opportunités économiques et sociales, tout en facilitant l’intégration professionnelle des personnes vulnérables grâce à la formation et à l’emploi adapté.

      L’appui européen aux recommandations numériques : les Transition Pathways

      Au cœur de la mise en œuvre de ces recommandations se trouvent les Transition Pathways, un cadre stratégique conçu pour accélérer la transition numérique de l’économie sociale.
      Ce processus collaboratif, développé avec le Social Good Accelerator et des centaines d’acteurs européens, définit les étapes clés pour accompagner le changement.

      Les Transition Pathways offrent :

      • une méthodologie inclusive et coopérative,

      • une feuille de route claire pour la transformation numérique,

      • et des mesures adaptées pour garantir un avenir numérique durable et équitable.

      Cet outil constitue désormais un levier central des politiques européennes en matière d’économie sociale et de transition digitale.

      Les impacts attendus de ces recommandations

      Ces propositions sont actuellement discutées par le Conseil de l’Union européenne, en vue d’un accord politique commun.
      Une fois adoptées, les États membres auront 18 mois pour adapter ou créer leur stratégie nationale de l’économie sociale, intégrant ces priorités numériques.

      La Commission assurera ensuite un suivi régulier de leur mise en œuvre, en lien avec le Comité de l’emploi et le Comité de la protection sociale, afin de mesurer les effets concrets et d’ajuster les politiques selon les besoins observés.

      Ces recommandations marquent une étape majeure pour faire de l’économie sociale un moteur de la transition numérique européenne, fondée sur l’inclusion, la durabilité et la coopération.